Texte distribué aux
spectateurs de la pièce
Aimé
Césaire,
parole
désenchaînée
salle Vasse
à Nantes (3
et 4 octobre)
Pour le centenaire de la
naissance d'Aimé Césaire, ce spectacle met en lumière le combat du
père de la négritude et révèle la portée historique et politique
de ses écrits.
Huit
ans après la mort d’Hitler, Aimé Césaire déclare :
« La
société capitaliste, à son stade actuel, est incapable de fonder
un droit des gens, comme elle s'avère impuissante à fonder une
morale individuelle.
Au bout de l'humanisme
formel et du renoncement philosophique, il y a Hitler.»
Aujourd’hui encore, au bout
de l’humanisme de façade des démocraties formelles du Nord, il y
a les états policiers du Sud où cohabitent l’esclavage et le
salariat.
L’œuvre de Césaire est
d’une brûlante actualité, quand on sait qu’aujourd’hui
encore, le capitalisme se survit à lui-même dans l’articulation
de ces deux servitudes.
Ainsi,
grâce aux énormes profits réalisés sur les populations du Sud,
le patronat accorde aux salariés du Nord des droits
sociaux-économiques maintenant une « paix sociale » qui
est encore sécurisante pour les familles des multimillionnaires
planétaires qui résident à Londres, Paris, New-York, Berlin…
L’interaction des deux
servitudes plongent ses racines dans l’histoire…N’oublions
jamais que la restauration de l’esclavage, à la Renaissance, n’a
été possible que par un endettement bancaire illégitime
expropriant une foule de petits producteurs indépendants.
Devenus salariés par
nécessité, certains se retrouvèrent matelots, sur des
bateaux-négriers.
Sans ces équipages de
dépossédés de la terre, jamais la bourgeoisie négrière n’aurait
pris son essor, et jamais Césaire n’aurait cru bon d’écrire
Cahier du
retour au pays natal.
Cette pièce est une
invitation à ce que, tous statuts confondus, nous participions au
dépassement de ce système fondé sur l’enrichissement des uns par
l’appauvrissement des autres.
Que
nous participions au dépassement du luxe, cette
esthétique de la domination, pour qu’advienne une
esthétique
de la vie libérée du profit.
« Ton
cri, Aimé, se fera éveilleur de consciences, bousculeur de façons
de penser, empreintes d’irresponsabilité, installées, enfouies au
plus profond de nous-mêmes et que nous portons comme autant de façon
de mourir car il reste à l’homme à conquérir toute
interdiction immobilisée au coin de sa ferveur. »
« Pour
que l’universel accouche d’une aire fraternelle de tous les
souffles du monde, lit sans drain de toutes les eaux du monde, chair
de la chair du monde, palpitant du mouvement même du monde.
Les
extraits de textes d’Aimé Césaire de la pièce ont été puisés :
-dans
sa poésie, Cahier
du retour au pays natal,
Noria,
Ferrements, Corps perdu, Cadastre, Armes miraculeuses,
-dans
son théâtre, Et
les chiens se taisaient, une saison au Congo,
-dans
son Discours
sur le colonialisme,
-dans
une lettre adressée à Maurice Thorez.
Pour la commémoration du 10
Mai, trois associations initient des projets œuvrant à une société
où le travail non marchandisé nous fera émancipés.
La condition en est
l’abolition combinée du salariat et de l’esclavage seule capable
de briser la mécanique impitoyable du profit.
Au-delà de la Servitude
Libérons La Monnaie
La
Fabrique des Gestes
CoopérativeAssociative
Arc-En-Ciel Théâtre,