75% des détenus sont des Noirs et des Arabes...
...descendants de colonisés
Mémoire de
la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions
10
Mai 2016
Esclavage, racisme et criminalisation
Les Nations-Unies qualifient d’esclavage,
le travail en prison pour réduction de
peine
En France,
75% des détenus sont des Noirs et des Arabes,
descendants de colonisés
pour beaucoup, leurs familles furent soumises au travail forcé jusqu’en 1946
De la peur de
l’autre à la peur pour l’autre,
de la
compétition à la coopération
Un projet d’éducation populaire
inspiré de la conférence d’Angela Davis
«La
prison : un système industriel,
ses liens avec l’esclavage»
« A travers le monde, le racisme s’est imbriqué
avec les pratiques d’emprisonnement […] un nombre disproportionné de personnes
de couleur et de personnes du Sud mondialisé sont incarcérées dans des maisons
d’arrêt ou des prisons. »
Angela Davis,
professeure de philosophie et d'histoire de la prise
de conscience
invitée de la Ville de Nantes, 10 Mai 2015
« Tu sais que tu es blanc,
quand un ami noir à toi se fait contrôler plusieurs fois dans la semaine par la
police, alors qu’on ne te demande jamais rien à toi. »
extrait du film, « Trop noire pour être française »
d’Isabelle Boni-Claverie,
invitée de la Ville de Nantes, 10 Mai 2016
Au-delà de la
Servitude
La Fabrique des Gestes
Libérons
La Monnaie
Construit dans la coopération,
l'humain se détruit dans la compétition
C’est dans la coopération, par la libre
transmission d’un patrimoine de savoirs et de savoir-faire mis en commun, que
les hominidés ont évolué vers l’humain, selon les paléoanthropologues, Richard
Leakey et Roger Lewin :
«Les hommes n’auraient pas pu s’épanouir d’aussi
remarquable manière, si au départ, nos ancêtres n’avaient témoigné
d’étroite coopération. La clé de la transformation d’une créature
sociale semblable au singe en un animal cultivé, vivant au sein d’une société
hautement structurée et organisée, est le partage : partage du travail et
partage de la nourriture.».
Ainsi,
chacun a pu reprendre la technique inventée par l’autre, et la perfectionner, si bien que de transmission
en transmission, inventions et découvertes iront se multipliant.
A la différence d’un gâteau consommable par un seul
individu, et perdue à tout jamais, les biens immatériels (les productions
cérébrales) sont utilisables à l’identique simultanément, dans le temps et dans
l’espace, sans déperdition aucune, par un nombre illimité d’individus. En
outre, leur utilisation ne fait qu’enrichir l’héritage.
Autant, la nourriture devra s’économiser, et
plus généralement les biens matériels qui, par définition, relèvent du domaine de la rareté, autant les
productions immatérielles seront utilisées sans modération, car relevant du
domaine de l’abondance. Alors que les biens matériels s’usent quand on s’en
sert, les biens immatériels, dans leur utilisation, en donnent naissance à
d’autres.
Les cerveaux de nos premiers ancêtres
connectés entre eux, furent infiniment
plus créatifs qu’isolés les uns des autres. Pendant des millions d’années, ce
fut l’esprit Linux avant la
lettre ! Dans son Histoire populaire de
l’humanité, Chris Harman le confirme:
« Les deux millénaires, précédant l’an 3000 avant J-C, avaient connu des
découvertes dans la science appliquée qui affectèrent directement ou
indirectement la prospérité de millions d’êtres […] Ainsi, contrairement à une idée reçue, les
grandes avancées (le fer, la roue à eau, l’écriture alphabétique, les mathématiques
pures) sont le fait « des peuples
barbares » à la périphérie des « grandes civilisations.»
L’intérêt supérieur du partage dans la coopération, est que
le temps des productions matérielles, qu’exige le corps humain, ne fait que diminuer.
Ce qui est dû l’accélération d’un progrès technologique au service de l’intérêt général.
Mais avec
l’avènement de ce qui est convenu d’appeler les « grandes
civilisations », avec l’invention de la domestication de l’homme par
l’homme, avec la compétition entre dominants, prenant le pas sur la
coopération, des phénomènes de régression sont apparus.
En effet, le pouvoir du dominant repose
sur un état de nécessité imposé au plus grand nombre, engendré par la
confiscation du patrimoine technologique. Fini le partage dans la coopération.
Les communautés paysannes nouvellement
asservies travailleront la plus grande partie de leur temps pour un maître. Dorénavant,
à niveau technologique équivalent on travaillera plus, mais pour vivre moins
bien... !
Un système basé sur l’échange
inégal se met en place:
-une partie du travail des producteurs
de base échangée de force contre des produits de luxe et des fournitures militaires qu’exigent les guerres pour l’enrichissement,
-une autre partie, non échangée, mais
distribuée à des salariés (scribes, conseillers, soldats…) chargés du
fonctionnement de cette nouvelle société inégalitaire.
Ecrasés
de travail, paysans et artisans, de fait, n’innovent quasiment plus. La
recherche relevant d’une infime
minorité, ne sert plus que de faire-valoir aux privilégiés. Selon Chris
Harman :
« L’absorption toujours plus
grande des ressources par la classe dirigeante fut accompagnée d’un
ralentissement considérable dans le développement de la capacité des hommes à
contrôler et comprendre le monde
naturel. »
Si les générations
précédentes avaient ainsi agi, le retard
accumulé aurait été tel que « l’humanité » n’en serait probablement qu’aux
premiers balbutiements du langage articulé, et encore…
Cette
nouvelle société s’est construite à l’aide d’une première servitude, le salariat,
condition première de la mise en place des deux autres. Les soldats dans la
subordination au chef, avaient pour tâche, de razzier, et de réduire au servage
ou en esclavage, des dizaines, des centaines, voire des milliers d’individus… Aucun
individu, aussi fort, aussi rusé,
soit-il, n’aurait pu accomplir, seul, pareil
exploit.
Le
luxe, cette esthétique de la domination
Selon l’économiste Thorstein
Veblen :
« Le motif qui se trouve à
la racine de la propriété, c’est la rivalité […] la possession des richesses
confère l’honneur : c’est une distinction provocante[…] »
Pour Veblen, la propriété n’a « aucun
rapport avec le minimum vital », ce qui est recherché, c’est la
distinction par l’envie, suscité chez autrui, que provoque l’accumulation des
biens de luxe. L’important, c’est la reconnaissance sociale, l’image de
puissance qu’on en retire, et
Veblen de préciser, « L’individu qui se livre à la
comparaison provocante ne la trouvera jamais assez favorable: il ne demanderait
pas mieux que de se classer plus haut encore. »
Au nom de cette « comparaison
provocante », du jour au lendemain, des communautés de cueilleur-chasseurs,
de paysans et d’artisans, vivant dans la réciprocité et le partage, ont été
plongées dans l’enfer de la servitude, du Croissant fertile aux Amériques, en
passant par l’Afrique et l’Asie.
Le désir du luxe, du somptuaire, s’est
répandu, brisant des solidarités ancestrales, interdisant tout travail pour le
bien commun. La domestication de l’homme par l’homme inaugure un processus qui
dure encore aujourd’hui, celui du détournement du capital-temps d’un groupe,
vers des intérêts particuliers et ce, aux dépens de l’intérêt général, les privilèges
s’obtenant parles profits générés par le travail d’autrui.
Des cohortes d’êtres asservis sacrifiés
à la construction, de temples, de palais, de tombeaux, tous plus hauts, plus
vastes les uns que les autres. Des milliards d’heures furent dépensées pour des monuments qu’on
donne à visiter aux touristes, en occultant le travail forcé qui en fut le
prix.
Depuis l’Antiquité, qu’on soit pharaon,
seigneur féodal ou grand patron, l’objectif, c’est l’accroissement des
richesses, avec une industrie de la guerre se développant toujours sur la
réduction des besoins vitaux du plus grand nombre.
Industrie pénitentiaire pour européens
pauvres
et descendants de colonisés
Au cœur du moyen-âge chrétien, à l’aube
du 10ème siècle, plus de 8000 esclaves blancs
travaillaient encore sur les domaines de l’abbaye de Saint-Germain-des Prés. A
l’esclavage, les dominants préféreront le servage, le droit au mariage
favorisant la natalité, l’accroissement de la main-d’œuvre servile enrichira
les seigneurs.
Que ce soit par la violence physique ou
par des lois qui favorisent l’appauvrissement pour l’enrichissement, les masses
n’ont le choix qu’entre la servitude ou le vagabondage. Le vagabond,
essayera de survivre en volant sa
pitance à d’autres appauvris.
Croyant avoir été libérés
définitivement de la servitude féodale, les serfs affranchis seront peu à peu expropriés par les
marchands des villes (au moyen de l’argent-dette,) et rabattus vers le
salariat, dans les ateliers et manufactures de leurs créanciers.
Pour les chômeurs, une industrie
particulière se développera, l’industrie de la punition, sur le modèle des
workhouse en Angleterre. Hommes, femmes et enfants, forcés au travail pour le
profit dans les pires conditions, soumis aux coups et aux sévices sexuels.
Aboli en Europe, l’esclavage
renaîtra à la Renaissance, participant au développement de ces grandes
cités marchandes, gardiennes des arts et des belles lettres.
Esclavagisme antique, féodalisme,
capitalisme, dans ces systèmes où des privilégiés détournent le temps d’autrui
à leur profit, le temps dévolu au bien commun, mathématiquement, devient
impossible.
Les Noirs affranchis de l’esclavage
subiront le même sort que les travailleurs européens, affranchis quelques
siècles plus tôt, d’abord de l’esclavage, puis du servage.
Pour preuve, les lois raciales au 19ème siècle :
-dans les Antilles françaises après
1848, au prétexte fallacieux d’une absence de timbre sur le passeport intérieur
imposé aux nouveaux «libres», on était condamné à la sucrerie pénitentiaire
pour payer l’amende !
–aux USA, les Noirs «affranchis» en
1865, furent soumis à une législation d’exception, arrêtés, jugés, emprisonnés,
pour des délits qui ne l’étaient pas pour les blancs, ils étaient loués à des
particuliers ou à des entreprises, dans des conditions souvent pire qu’avant
l’abolition. Ces lois furent en vigueur jusqu’en 1940.
Combien de souffrances sans nom a coûté
l’acquisition, à Nantes, par des planteurs et armateurs, de
ces magnifiques hôtels particuliers du quai de la Fosse ? Et
pourtant, malgré trois piqûres de rappel, malgré trois abolitions successives,
1794, 1848 et 1946, cela n’a pas suffi, l’odieuse surexploitation de l’esclave
se perpétue…
En 2016, en France, dans les prisons,
de Nantes…et d’ailleurs, la population carcérale, constituée à 75% de descendants
de colonisés, Noirs et Arabes, en est réduite au travail forcé
pour obtenir une réduction de peine supplémentaire.
La France des prisons,
du Code du travail au travail sans Code
Sur le site officiel du ministère de la
justice, on peut lire l’offre qui est faite aux entreprises:
« Les détenus travaillent pour le
compte d’entreprises privées qui installent un atelier en prison... Une
solution économique, flexibilité et proximité. […] un mode de rémunération basé sur la production
réelle et des charges patronales moindres, […] une souplesse et une réactivité
qui permettent de mobiliser rapidement un grand nombre d’opérateurs pour
répondre aux commandes.
Le programme Entreprendre initié en 2008 vise à communiquer largement sur le
travail pénitentiaire, notamment en direction des entreprises. Le Code
de procédure pénale indique que les relations de travail des personnes
incarcérées ne font pas l’objet d’un contrat de travail entre le détenu et le
concessionnaire.
L’administration pénitentiaire fournit gratuitement les locaux industriels adaptés à l’activité.
Assure la surveillance et garantit la sécurité. Adapte l’organisation,
l’environnement et le temps de travail aux besoins de l’entreprise.»
L’esclavage,
une réponse au chômage
Licenciés, car considérés comme non
rentables dans le cadre des obligations patronales qu’exige le code du travail,
en toute « légalité pénitentiaire », des chômeurs devenus détenus,
alimentent un gisement de profit très convoité.
Sans contrat de travail, travaillant à
la pièce et à temps plein, pour environ 150 € mensuel, le détenu ne relève pas
du Code du travail.
Surexploités, comparativement aux
salariés embauchés avec un contrat de travail, victimes d’un chantage à la réduction
de peine supplémentaire, des femmes, des hommes, en sont réduits au travail
forcé, un travail qualifié d’esclavage par l’Organisation Internationale du
Travail (Nations Unies) sur la base des conventions internationales de 1930 et
1957.
Ni SMIC, ni congés payés, ni
indemnités en cas d’arrêt de travail pour cause de maladie ou d’accident du
travail, ni assurance chômage en cas de perte involontaire d’emploi. Aucune
contestation judiciaire n’est possible pour les détenus. Tout contrôle
impromptu de l’inspection du travail est interdit…Les entreprises qui emploient
cette main-d’œuvre servile, le font par sous-traitants interposés, de peur de
perdre leurs clients, si cette surexploitation était rendue publique. Jamais
les grands médias n’abordent ce thème, le sujet est tabou.
Au delà même de l’univers carcéral, les actionnaires en mal d’investissement et de
profit, hésitent de moins en moins à utiliser des esclaves en sous-traitance.
Ce système constitue une réponse forte à la non rentabilité du chômeur.
Des racines républicaines du racisme
à la criminalisation des Arabes et des
Noirs
En Europe, dans la deuxième moitié du
19ème siècle, avec la révolution industrielle et le
remplacement de l'ouvrier par la machine à vapeur, les marchandises
s’accumulent, les invendus apparaissent. La tentation est grande de se faire la
guerre entre Européens, pour conquérir des marchés, non plus par les lois du
commerce, mais par la force armée.
A Paris, en 1849, au Congrès de la
Paix…entre Européens seulement, Victor Hugo :
« Au lieu de se déchirer entre
soi, on se répandrait pacifiquement sur l’univers ! Au lieu de faire des
révolutions, on ferait des colonies ! Au lieu d’apporter la barbarie à la
civilisation, on apporterait la civilisation à la barbarie ! [...] L’Asie
serait rendue à la civilisation, l’Afrique serait rendue à l’homme.»
Et en 1879, de continuer dans cette
idéologie racialiste :
« L'Afrique n'a pas d'histoire […] Le
blanc a fait du noir un homme; au vingtième siècle, l’Europe fera de l’Afrique
un monde. Refaire une Afrique nouvelle, rendre la vieille Afrique maniable à la
civilisation, tel est le problème. L’Europe le résoudra.
Allez, Peuples! Emparez-vous de cette
terre. Prenez-la.
À qui? À personne. Dieu offre l’Afrique
à l’Europe. Prenez-la […] Allez, faites des routes, faites des ports, faites
des villes; croissez, cultivez, colonisez, multipliez !»
Et en 1885, comme en écho à Victor Hugo, Jules
Ferry à l’assemblée nationale :
« Ce qui, manque à notre grande
industrie […] ce sont les débouchés […] Messieurs, je répète qu'il y a pour les
races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le
devoir de civiliser les races inférieures...
La politique coloniale est fille de la
politique industrielle…Les colonies sont les soupapes de sécurité de notre
économie.»
C’est avec la caution morale de ces
«deux grands hommes», aujourd’hui, encore honorés par la république, que sera
écrite l’histoire, sous forme de roman national, un enseignement de l’histoire,
où les crimes coloniaux, les pires abominations, deviendront de hauts faits
d’armes, le summum de l’héroïsme.
Ainsi, en France, sous la Troisième
République, l’Ecole sera celle de l’éducation au racisme, mais pas n‘importe
lequel, le racisme bon teint, le racisme républicain ! Dans cette bonne
conscience retrouvée, les milieux d’affaires pousseront à l’invasion de
continents riches en main-d’œuvre quasiment gratuite, ce sera la colonisation
massive de l’Afrique et de l’Asie.
En 1881, l’esclavage est restauré à la
demande de Ferry, ce sera le Code de l’Indigénat. Jusqu’en 1946, les Arabes et
les Noirs, sur réquisition, travailleront sous le fouet…rien de plus banal pour
le Jules Ferry du Discours à la jeunesse, déclarant :
«Si nous
avons le droit d’aller chez ces barbares, c’est parce que nous avons le devoir
de les civiliser […] Il faut non pas les traiter en égaux, mais se placer au
point de vue d’une race supérieure qui conquiert. »
Un racisme
pur et dur relayé par Paul Bert, son ministre de l’Instruction publique en
1882:
« Il faut placer l'indigène en
position de s'assimiler ou de disparaître. »
Le travail forcé, cet esclavage
déguisé, sera aboli par les députés le 11 avril 1946 en présence d’Aimé
Césaire. Mais comment s’étonner que ce racisme transmis de génération en
génération, dans les familles, soit encore majoritaire en France ?
Ce racisme qui sévit dans la société
française, entretient des postures discriminatoires qui ont pour effet de
concentrer des minorités ethniques dans des quartiers marqués par le chômage et
l’exclusion.
Les 75% de descendants de colonisés qui
constituent la population carcérale sont en très grande majorité, des chômeurs,
ayant vécu pour beaucoup des situations d’échec scolaire. Alors que les Noirs et les Arabes représentent environ
13 % de la population de la France métropolitaine.
Selon Angela Davis :
« [dans les] ghettos US et les
banlieues françaises…les jeunes exigent du changement social et la fin de la «
ghettoïsation » et des discriminations envers les communautés de l’immigration
post-coloniale. »
Construire des prisons, plutôt que des
écoles et des hôpitaux
Selon Angela Davis:
« Les banques mondiales, le FMI,
refusent que les Etats investissent dans l’éducation ou dans les services
sociaux, mais ils encouragent à construire des prisons [...] »
« Il y a environ 2,5 millions de
personnes derrière les barreaux aux Etats-Unis. Cela représente 25% de la
population carcérale mondiale…la population des Etats-Unis ne représente que ,
5% de la population mondiale.
Les Etats-Unis sont un «Etat prison».
Les prisons sont des complexes industriels. La disproportion des personnes de
couleur en prison est à souligner…C’est comme ça qu’on traite le problème de la
population de surplus [...]
le système d’éducation a été totalement démantelé, la santé est privatisée,
confiée aux multinationales [...] Alors que fait-on des laissés pour compte ?
On détruit les services sociaux [...] Nous avons des citoyens qui ne peuvent
pas trouver de moyen de survie dans ce système ? Nous avons une solution : nous
les mettons en prison.
En Europe, en Amérique
latine, en Afrique, les pays ont été encouragés à suivre l’exemple américain,
et à construire des prisons pour gérer cette population. »
Effectivement, toute heure dépensée
pour l’école publique, pour l’hôpital… est une heure de perdue pour le profit
et inversement!
En France, payés comme des travailleurs chinois,
les détenus fabriquent français.
Punition et privation de liberté,
facteurs historiques de la croissance des
privilèges
Selon Angela Davis :
«Les prisons sont devenues une donnée
essentielle de l’économie américaine […] c¹est donc bien une politique
volontariste d’enfermement qui sévit.
Cela
rentre dans un fonctionnement économique et politique complexe, mais qui se
construit depuis longtemps et qui est issu du système esclavagiste où l’on
privait les gens de leur liberté pour exploiter leur force de travail. La
punition et la privation de liberté sont des armes historiques aux Etats-Unis,
tant sur le plan économique qu’idéologique. Cela permet de développer la peur,
la normalisation des esprits et le racisme. Aux USA, on peut parler de «
complexe industrialo-carcéral.»
»
En France, comme ailleurs, la
progression de la gestion privée des prisons, leur construction par des
entreprises, génèrent de très grandes fortunes personnelles.
1% de la population mondiale possède
plus que les autres 99%...
Que ce soit par contrainte physique ou
par des lois sur la propriété intellectuelle (brevets), le droit d’utiliser
inventions et découvertes, est soumis à un tribut prélevé sur les producteurs
de base. Ce qui correspond à une confiscation pure et simple, à une
privatisation du patrimoine de l’humanité, d’un patrimoine qui, il y a
30 000 ans a permis l’émergence de l’humain.
Depuis
des siècles, la privatisation, par une
poignée de grands actionnaires, des
procédés technologiques et scientifiques, au moyen de brevets qui en
interdisent l’usage démocratique, s’accompagne d’un formidable détournement du
capital-temps planétaire aux dépens de l’humain, il en résulte que :
les grands moyens de production, de par la confiscation des
inventions et découvertes, sont entre les mains de moins de 1% de la population
mondiale.
Déshérités,
les autres 99 % en sont réduits à s’accrocher bec et ongle au moindre
petit avantage qui donne l’impression de vivre mieux que ceux qui en sont
privés. Cette confiscation a pour conséquence, la compétition de tous contre
tous, pour un revenu, pour un emploi sur concours, pour une
augmentation de quelques euros, ou pour
une place sur un radeau de migrants…
Les
temps de production pour les besoins vitaux du plus grand nombre, en sont
réduits au strict minimum, juste ce qu’il faut pour sacrifier un maximum de
temps à la production des richesses pour les privilégiés.
Du
chômeur au milliardaire, nous sommes tous égaux face la dépense de temps, nous disposons chacun de
24 heures, pas une seconde de plus ou de moins ! Les inégalités ne
proviennent que de l’usage qu’il est fait du
temps.
A la racine du
développement séparé on trouve cette rivalité qui oppose entre eux une
poignée d’hommes et de femmes dans une course forcenée à l’accumulation
ostentatoire et provocante.
La mère des guerres, celle dont découlent les autres, celle
à laquelle se livrent les ultra-riches pour posséder la plus grande fortune,
fait, que les peuples mis en état de nécessité, économiquement et
politiquement, sont contraints et forcés, de s’employer, de «se plier» aux
désirs des grands décideurs…ou de chômer, si jugés non rentables.
Ainsi, les grands actionnaires lancent leurs armées de
salariés se battre les unes contre les autres, à la conquête de marchés
concurrents. Le but, vendre moins cher pour capturer les clients des
concurrents. Chaque marché gagné se solde par la faillite d’entreprises
vaincues dont les premières victimes, les salariés, rejoignent en rangs serrés
la masse des chômeurs.
Les achats de produits de base diminuant, de par la baisse
généralisée du pouvoir d’achat, les capitaux ont tendance à s’investir vers des
secteurs en pleine expansion, les complexes militaro-industriels et
carcéro-industriels qui prospèrent sur le terreau de l’exclusion et de la
misère. Ces deux industries, se nourrissant à la fois, du mécontentement
populaire et du développement accéléré de la délinquance, terreaux du seul
terrorisme médiatiquement condamné.
La relation de cause à effet est parfaitement claire, entre
un marché du luxe qui explose et l’extension du domaine de la misère, tout
simplement, une histoire de vases communicants…Jamais le secteur de
l’hyper-luxe ne s’est jamais si bien porté, yachts et jets privés, robes de
haute couture, écoles privées en Suisse, écuries de bolides, de chevaux de
course, suites dans les palaces…rien n’est de trop pour ces gens, ce qui fait
que :
les richesses
marchandes cumulées des 1% dépassent celles des 99% restants...
Si on additionne les esclaves légaux (travailleurs forcés
des prisons) avec ceux, illégaux, des
ateliers semi clandestins qui pullulent sur la planète, et pourtant, facilement
localisables…on recense environ, 500
millions d’êtres humains réduits à cet esclavage moderne qu’est le travail
forcé (pour la moitié, des enfants de quatre à seize ans).
Sans eux, l’économie mondiale dont le seul mot d’ordre est
le profit avant la vie, s’écroulerait. Pendant ce temps, multinationales et
institutions, n’oublient pas de rappeler, la main sur le cœur, leur attachement
forcené aux droits de l’homme.
De la peur de l’autre à la peur pour
l’autre
En 1953, Aimé Césaire:
« La société capitaliste, à son
stade actuel, est incapable de fonder un droit des gens, comme elle s'avère
impuissante à fonder une morale individuelle ».
Comme pour Angela Davis,
aujourd’hui :
« Les différents combats que nous
menons, qu’il s’agisse de sauver l’environnement, de lutter contre les
injustices sociales et économiques, contre le racisme et la violence, pour les
droits des homosexuels, pour la paix, doivent être globalisés à l’échelle de la
planète. Il s’agit toujours de lutter contre
le capitalisme. »
Et continuant:
« Je suis convaincue qu'une société sans prison
est réaliste et envisageable dans le futur, mais dans une société nouvelle
basée sur les besoins de la population et non sur le profit. »
Pour se faire, au-delà de
l’instrumentalisation de la xénophobie et du racisme, il nous faut passer de la
compétition à la coopération, dans la mutualisation des savoirs et
savoir-faire, avec le retour des richesses immatérielles dans le patrimoine de
l’humanité.
De nouveau, nous reprendrons le chemin
par lequel l’humain s’est construit, celui de la coopération, celui du retour
de l’héritage immatériel dans le bien commun.
Le nombre de chercheurs en sera
démultiplié, la recherche sortira du vase clos et confiné des seuls intérêts
des privilégiés, pour s’élancer sans modération vers l’enrichissement illimité
du champ relationnel, dans le respect de l’environnement et de l’humain.
Le revenu sera aligné sur un progrès
technologique et scientifique, démocratiquement contrôlé, un revenu aligné sur
les besoins, et non sur un temps de travail qui ne cesse de disparaître avec la
grande relève des hommes par les machines.
Libéré des complexes carcéro-industriels et
militaro-industriels, libéré de la dictature du profit et de cette esthétique
de la domination qu’est le luxe, l’esprit d’innovation et de création deviendra
pour tous, réalité.
Déconstruit dans la compétition, l’humain se reconstruira
dans la coopération, en passant de la peur de l’autre à la peur pour
l’autre.
Bibliographie
Aimé Césaire
-Discours sur le colonialisme
Angela Davis
-Les goulags de la démocratie
-La prison est-elle obsolète ?
Jacques Duboin
-La Grande Relève des hommes par la machine
Chris Harman
-Une histoire populaire de l’humanité
Olivier Le Cour Grandmaison,
-Coloniser,
exterminer : sur la guerre et l’État colonial
-La République impériale: politique et
racisme d'Etat
-De l'indigénat. Anatomie d'un
"monstre" juridique: le droit colonial en Algérie et dans l'empire
français
Yann Moulier-Boutang
-De l’esclavage au salariat, économie
historique du salariat bridé
Caroline Oudin-Bastide
-Travail, capitalisme et société
esclavagiste, Guadeloupe, Martinique (XVIIe – XIXe siècle)
Rosa Amelia Plumelle-Uribe
-La férocité blanche, des non-Blancs
aux non-Aryens, génocides occultés de 1492 à nos jours
Louis Sala-Molins
-Le Code noir ou le calvaire de Canaan
-Les misères des Lumières, sous la
raison,l'outrage
Thorstein Veblen
-Théorie
de la classe de loisir
Programme
Cette année, Angela Davis,
universitaire, sera au centre de notre projet :
sa vie, son parcours, ses idées y
seront développés. Sera fait aussi référence à Aimé Césaire dont l’oeuvre
traverse nos thématiques, depuis l'année 2013.
1-Des animations
Elles seront proposées dans diverses
structures, scolaires, de loisirs, socio-culturelles, dans le cadre du service
civique à Uniscité, mais également dans des entreprises ou encore au restaurant
social de la ville de la Ville de Nantes.
Ces animations débuteront par un
diaporama à dimension historique qui sera suivi d'un débat avec le public concerné.
Ensuite,
une séquence de théâtre forum qui fera réfléchir sur deux
questions:
-Construit dans la
coopération, l’humain se détruit dans la compétition, pourquoi ?
-Comment passer de
la peur de l’autre à la peur pour l’autre ?
2- Livre en bois
un quatrième livre en bois sera créé et
fabriqué dans le cadre d'ateliers s'étalant sur plusieurs jours et organisés
dans une des structures ciblées ci-dessus.
Il viendra compléter la série de livres
en bois, débutée :
-Voyage
au bout de la servitude, le triangle d'Evan (2013)
-Yoni et Taïna au
pays des fleurs (2014)
-Perruques
enfarinées, peuples affamés, Jacques et la fraternité retrouvée (2015)
3-Village
associatif du 10 Mai
-exposition de panneaux, à vocation
itinérante
-présentation du nouveau livre-objet
par le public l’ayant réalisé
-conférence-débat sur le thème:
Esclavage, racisme
et criminalisation : 75% des détenus, Noirs et Arabes sont descendants de
colonisés
4-Des lectures- débats, autour
d’ouvrages
Angela
Davis :
- La prison est-elle obsolète?
-Les goulags de la démocratie
Aimé Césaire :
Discours sur le colonialisme
Chris Harman : Une histoire
populaire de l'humanité
Olivier Le Cour
Grandmaison :
De l'indigénat et La république
impériale : politique et racisme d'Etat
Thorstein
Veblen :
Théorie de la classe de loisir
Jacques Duboin : La grande relève
des hommes par les machines
5-Documentaire d'Isabelle Boni
Claverie :
Débats et et témoignages
6-Des rencontres avec d'anciens détenus
7- Conférence à l'Université:
Esclavage, racisme et criminalisation
Ce projet s’inscrit dans la continuité
de ceux
mis en oeuvre depuis la commémoration
du 10 Mai 2008
-Vivre Ensemble, Quelle morale laïque?
De l'obscurantisme de Voltaire aux Lumières de Césaire (2015)
-Haïti, une île, un délit (2014)
-Aimé Césaire, le centenaire, du
commerce négrier pour le luxe des banquiers, vers un monde solidaire avec Aimé
Césaire (2013)
-Rentabilité,
racisme et discrimination (2012)
De L'esclavage à
l'éducation au racisme, le racisme ce n’est pas naturel, ça s’apprend ! (2011)
-La résistance
noire à l’esclavage, ces noirs qui ont fait l’histoire (2010)
-De l’esclavage au salariat, du marché
aux esclaves au marché du travail (2009)
-Pour l’écriture
d’une authentique déclaration des droits de l’homme (2008)
Au-delà de la Servitude
Annie Mothes,
au.dela.servitude@gmail.com
02
40 89 32 03
La Fabrique des Gestes
CoopérativeAssociative
Arc-En-Ciel Théâtre
http://arcenciel.theatre-forum.org/
Libérons La Monnaie
http://liberonslamonnaie.blogspot.fr/