dimanche 21 janvier 2018

Révolution culturelle ou déshumanisation







Révolution culturelle ou déshumanisation

par Ernest Barreau, ancien résistant

Suite aux douze travaux lancés par le président de la république, via son gouvernement, étant donné le démantèlement progressif des acquis sociaux, que penser du résultat de cette politique ?
En tant que citoyen électeur (ancien résistant) luttant pour un monde meilleur, politiquement cocufié, (comme bon nombre de mes compatriotes) depuis la libération (8 mai 1945) en toute objectivité et rigueur analytique, voici mon point de vue, dont en premier lieu cette constatation :
mise à part la période de reconstruction appelée les trente glorieuses, impôts et taxes de toutes sortes n'ont cessé de pleuvoir, grignotant le pouvoir d'achat des classes laborieuses ayant participé et participant à la richesse de la nation.

Ni fatalité ni dogmatisme 
Le capitalisme ne peut répondre, économiquement et socialement, à l'ère de l'abondance. La révolution techno-numérique implique mathématiquement et scientifiquement son changement inscrit dans les faits ! Quel obstacle l'en empêche ?
Un rappel historique lourd de conséquences : génèse des évènements passés inaperçus, ignorés ou oubliés.
En 1914, comprenant que la monnaie-or en sa possession, ne pouvait satisfaire aux exigences financières du conflit, le gouvernement de l'époque, et le président Poincaré, demanda à la banque de France de fabriquer des billets à l'échelle des besoins.
Puis, « au nom de la patrie », lança une souscription nationale demandant aux détenteurs (trices) du dit métal (louis d'or), lingots, etc…de les déposer à la banque de France.
Suite à cet aberrant transfert et mutation de création monétaire (ex-droit régalien) sorte d'allégeance envers des organismes privés (banques, assurances…) depuis le conflit 14-18, tous les gouvernements, jusqu'à nos jours, vont emprunter des sommes qu'eux-mêmes pouvaient créer, par suite sans intérêts ni déficits.

Chronologie des évènements : grandes dates de la finance
En 1960, Michel Debré, par un décret, met fin à la distinction entre banques de dépôts et banques à vue.
En 1973, Giscard d'Estaing et Pompidou, par la loi du 3 Janvier modifient l'article 25 des statuts de la banque de France, lui interdisant toute possibilité d'avance au trésor 
En 1976, avec Raymond Barre, sans débat public le gouvernement décide que l'Etat paiera des intérêts au de-là du taux d'inflation.
En 1983, avec Mauroy-Mitterand, retour de la progression rapide de l'endettement.
En 1986, avec Bérégovoy- Fabius, Réforme du système financier, la France est mise sous la coupe des marchés financiers mondiaux.
En 1992, avec Beregovoy-Mitterand, le pouvoir invite les français à ratifier le référendum imposant le traité de Maestricht, qui en son article 104 précise, il est interdit à la banque centrale européenne, BCE, et aux banques centrales des états membres, d'accorder des découverts ou tout autre type de crédit, aux institutions ou organes de la communauté européenne .
En 1993, avec Balladur-Mitterand, la loi du 4 Août 1995, Indépendance de la banque de France par l'article 3 : interdiction d'accorder des découverts, ou tout autre type de crédit, au trésor public ! L'Etat se condamne au plus haut niveau du droit à supporter une charge d'intérêts !
En 2002, avec Chirac- Raffarin, passage à l'euro, flambée des prix, et dégradation de l'économie.
En 2005, avec Chirac, le projet de constitution européenne est rejeté par référendum. En 2008 avec Sarkozy, le traité de Lisbonne reprend l'essentiel du projet de constitution, dont l'article 104 du traité de Maastricht. Ce traité rejeté par voie de référendum, sera néanmoins imposé au peuple par les chefs des gouvernements et ratifié par la représentation nationale élue.
En 2012-2017, Hollande, élu sous l'étiquette socialiste, déclare (discours du Bourget) que la main invisible des marchés entrave la mise en application du projet socialiste. L'échec patent de sa politique sociale apporte une fois de plus, la preuve de l'inconciliabilité du couple capitalisme-avancées sociales.
Suite à cette brochette de gouvernements oligarchiquement vassalisés, point n'est besoin d'être grand clerc pour comprendre que sans changement de cap, avec reprise d'une maîtrise de création monétaire se heurtant aux mêmes causes, le gouvernement actuel risque de connaître les mêmes effets.
Sans changement du déroulement d'une pièce de théâtre, le changement d'acteurs (trices) ne modifie en rien la pièce ! Qui peut s'étonner du fort taux d'abstention et de votes blancs, lors des présidentielles de Mai dernier ?
Qui peut s'étonner du nombre de manifestations, tout azimut, ayant un point commun, celui de réclamer une politique de justice sociale assurant le droit à la vie dans la dignité pour tous ?

Echec du social
La monnaie est un produit-marchandise, créé ex-nihilo par des organismes privés. Des « prêteurs » de chiffres et de lettres, reposant à 90 % sur des marchandises non encore produites, qui endettent des  gouvernements devenus débiteurs avec obligation de remboursement (capital +intérêts composés) par contribuables pressurés.
Et vogue la galère chargée d'une dette anti-sociale et irremboursable, Alleluia. Un comble, une population qui s'endette pour acquérir les biens qu'elle fabrique !

Les néo-banques
Partant de la monnaie-marchandise faisant florès, avec l'arrivée de nouveaux services dont le compte bancaire « low-cost » des acteurs économiques se mêlent au paysage bancaire, d'autant plus que leur développement est favorisé par la loi sur la croissance, l'activité et l'égalité des chances (celles du renard dans le poulailler), loi Macron opérationnelle depuis Février 2017.
Friand de dindons, Ysengrin va s'en donner à cœur joie et voilà le capitalisme dans tous ses états...bonjour les dégâts, car la déification de l'argent (Mammon) conduit à toutes les impasses.

Impasses 
Impasses économiques, sociales, écologiques...c'est pourquoi, nonobstant, bonnes intentions et désirs de réussir, les acrobaties d'équilibres budgétaires et autres, l'allègement des charges sociales et fiscales, accordé aux entreprises retarderont le processus de déclin, d'un système économique périmé, condamnable et condamné par les faits sans pour autant éviter sa chute.

Quelques contre-vérités
La crise engendre le chômage. C'est faux, c’est la baisse du taux de profit dans la concurrence qui provoque les crises : d'un côté des entreprises qui ne peuvent vendre car des gens ne peuvent acheter !!!
 Conséquence, pour rembourser les créanciers, chômage, bas salaires, développement du complexe militaro-indsutriel…et guerres, pour détruire l’abondance qui générerait la prospérité pour tous, sans profit !
La croissance ramènera l'emploi : c'est faux car toute croissance enrichit l'entreprise lui permettant de s'équiper en productivités performantes (la foire d'empoigne de la compétitivité et de la concurrence l'exige) d'où robotique, informatique…utilisées pour licencier ou ne pas remplacer les départs à la retraite, d'où l'axiome suivant, «le chômage croît en même temps que les productivités tandis que la production augmente ».
Cet axiome devrait dessiller les yeux des aveugles de la vie économico-sociale en retard de 3 révolutions, de ce fait pédalant dans la semoule, à la recherche d'un passé révolu, tant il est vrai que « le poids des traditions des générations passées, pèse lourdement sur celle des vivants », Joseph Pastor.

Résumé
Les observations et analyses présentées démontrent, une fois de plus, la nécessité et l'urgence d'un changement de cap économique en adéquation avec les choses de notre temps, avant qu'un point de non-retour ne soit atteint, et démontrent que faire de l'argent un dieu « fait de l'homme un loup pour l'homme » (homo hominis lupeis), et par suite une société antagonique et violente !!!
C'est pourquoi les réformes d'un système économique datant de l'ère de la rareté, ne peuvent avancer l'heure d'un véritable changement, celui de l'abondance maîtrisée et équitablement partagée. Avec des variantes poursuivant la même politique, le domaine social restera sacrifié sur l'autel du profit financier et les privatisations rampantes, l'allègement des cotisations sociales et fiscales aux entreprises, iront aux antipodes du but recherché. Ce qui est loin d'inciter un électorat désabusé de reprendre avec enthousiasme le chemin des urnes ...chat échaudé craint l'eau froide.
Ne détenant ni le don d'ubiquité, ni celui de la science infuse, si ces analyses sont fausses ne pas hésiter à le démontrer.

Le distributisme
Le distributisme est une économie de besoins répondant en tout point aux composantes de la révolution techno-numérique ainsi qu'à la trilogie « production-distribution-consommation », système connu ...mais omerta sur ce sujet !
Comme affirmait son génial humaniste et concepteur, j'ai nommé Jacques Duboin,  les faits sont plus forts que les hommes : ils s'imposent en bien ou en mal, le déchaînement meurtrier des phénomènes météorologiques récents ne cessent de nous le rappeler !

Du capitalisme au distributisme
Le distributisme n'a pas pour vocation de distribuer des plus grosses miettes tombant du gâteau aux rejetés et exclus, présents et futurs, d'un festin exorbitant et d'un luxe immodérés accaparés par les détenteurs du gâteau, ni de soulager la misère matérielle devant des buffets pleins, mais de supprimer cette misère matérielle.

Transformation des principes monétaires
Serait-il plus malaisé de faire à l'envers ce qu'avait entrepris et réussi le gouvernement Poincaré en 1914, c'est à dire reprendre la maîtrise de la création monétaire dans l’espoir de passer de l’échange au partage ?
Condition sine qua nome pour un gouvernement de se libérer des contraintes et autres aberrations, consistant à quémander auprès d'organismes financiers privés (formant une sorte d'oligarchie informelle mais omnipotente) de la monnaie que lui-même pourrait et se devrait de créer.
La reprise de la création monétaire permettra légalement et légitimement au gouvernement de créer une monnaie de consommation, alignée, non pas sur un temps de travail qui ne fait que baisser de par le remplacement de l’humain par les machines et les robots, mais sur les ressources non renouvelables offertes par la planète. Il est évident que la monnaie ainsi utilisée n’aura plus du tout la même fonction que celle que l’on connaît.

Un revenu social garanti
Cette monnaie sera créée ex- nihilo, issue du néant, par la banque centrale et ne sera donc pas émise au détriment de quelqu'un puisque l’égalité des revenus sera un droit pour tous, y compris pour les banquiers qui découvrirons les joies de la prospérité dans un « travailler moins » qui ouvre la voie à l’enrichissement illimité du champ relationnel.

Remarque importante, bis repetita
Dissocié de l'emploi, le revenu social décent garanti assuré à tous permet enfin, non seulement le partage des tâches non exécutées par les robots de plus en plus nombreux et performants, mais il supprime aussi la guerre économique de tous contre tous permettant que le revenu des uns ne soit pas pris sur celui des autres.
 Cela permettra que cesse la criminelle misère dans l'abondance de biens essentiels à la vie qui seront, enfin, distribués à chacun en fonction des ressources épuisables de la planète et du niveau technologique atteint.
 De 40 ans de travail, nous passerions à moins de 10, avec un confort de vie associant harmonieusement le beau, l’utile et l’agréable !
La finance disparue, le capital-temps global d’un pays ne sera utilisé que pour le bien commun. Plus de chantage à l'emploi pour faire accepter le gaspillage productiviste destructeur de la planète. Plus de gens démolis par le surmenage au travail, le stress et les suicides qui touchent aussi les chômeurs interdits de travailler authentiquement pour l’intérêt général, puisque toute activité, directement ou indirectement, doit être au service de la marchandisation du monde, même celles qui semblent les plus humanitaires.
Dans les maisons de retraite on pourra augmenter le personnel puisque, grâce au revenu social accordé à tous, personnel comme résidents, l’administration ne sera plus contrainte par une gestion financière enfin disparue. Le personnel aura davantage de temps pour effectuer son travail, notamment dans domaine du relationnel si important pour le bien-être des résidents.
Ce qui vaut pour le troisième âge vaut aussi pour tous les autres sphères de la société, santé, éducation, transports, industrie, agriculture...
Nous sortirons enfin de ce terrible antagonisme généré par l'argent érigé en finalité menant à la guerre économique de tous contre tous. L'être humain sera la finalité de l'économie et la monnaie qu'un moyen au service de tous.
Cela permettra aussi, de sortir du scandaleux gaspillage productiviste, obsolescence programmée, échanges inutiles de biens que nous produisons tous, et qui se fait au détriment des écosystèmes de notre Terre dont toute vie et tributaire. Au détriment des pays pauvres dont les matières premières achetées à bas prix, sont en grande partie responsables de l'émigration.
Produire pour des besoins de tous les humains et non produire pour pérenniser un système financier scandaleux, destructeur de notre Terre et de notre humanité.
L'arrêt du gaspillage productiviste de nos pays développés, permettra de sauver notre Terre et de cesser non seulement de piller les ressources mondiales (si tous les pays gaspillaient comme nos pays développés il faudrait 3 Terres) mais enfin d'aider les pays pauvres à produire les biens et services essentiels à la vie et ainsi cessera cette tragique émigration et violence actuelle !

Conclusion : le TGV de l'espoir
Espérant qu'une prise de conscience animée d'un élan politique et courageux, laisse sur le quai d'une gare désaffecté, le train de l'obscurantisme économique transportant des solutions datant d'un passé révolu, inadaptables aux problèmes économico-sociaux contemporains.
A l'ère de la révolution techno-numérique tous les aiguillages conduisent au TGV de l'espoir celui de laéconcorde des peuples assurée par une justice sociale conséquente, vecteur de convivialité et de fraternité !!!
Pour ce faire, le courage, la volonté politique instruite en la matière et déterminée, impliquent de passer de la théorie à l'application, au pays des droits de l'homme et de la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 en toute légalité et légitimité.
Sans quoi l'humanité restera devant cette expectative, révolution culturelle ou déshumanisation autrement dit, splendeur de la justice sociale ou décadence.
Le citoyen-électeur, militant engagé pour une économie distributive assurant à chacun, grâce à une monnaie au service de tous, les biens et services essentiels à la vie.

Quand le dernier arbre sera abattu
la dernière rivière asséchée
le dernier poisson péché
les hommes s'apercevront
que l'argent n'est pas comestible.
Paroles amérindiennes

Ernest Barreau