Serge Ayoub, leader du groupe La Troisième Voie |
Anticapitaliste, Clément Méric a été tué par des fascistes.
L’extrême capitalisme pousse sur un terreau d’exclusion
cultivé par le grand patronat.
Un patronat, qui, au nom de ses privilèges
ne décide qu’en terme de compétitivité,
de baisse du droit des salariés, et de chômage.
Espérant être financés par les milieux d’affaires, les militants de l’extrême capitalisme œuvrent en coulisse dans le sens d’une plus grande soumission des salariés, tout en promettant le paradis aux nationaux. Conséquemment, le rapport de subordination du salarié à l’employeur, inscrit en lettres d’or dans notre actuel Code du travail, est une arme redoutable, illégitime, mais légale, favorisant le développement des idées fascisantes.
Les idéologies de l’extrême capitalisme ne sont pas la cause mais la conséquence d’une politique d’exclusion menée en faveur du grand capital…On questionne le Front National sur sa responsabilité morale dans la mort de Clément, mais personne n’interpelle le président de la République, le gouvernement, les élus, qui refusent d’abolir les lois scélérates accordant toute liberté au grand patronat pour répandre la misère par le démantèlement des services publics, la baisse de la protection sociale et le chômage.
Le PS comme l’UMP devraient savoir qu’historiquement, quand les grands partis capitalistes traditionnels de la gauche et de la droite, perdent la confiance du peuple, le grand capital européen, voyant ses privilèges menacés, sait faire appel à des politiciens se réclamant des formes supérieures du capitalisme (fascisme, nazisme ou autres dictatures…).
Les fascistes espèrent, qu’à moins de cent ans de distance, les mêmes causes produiront les mêmes effets sur des populations en grande souffrance. Par des actions violentes, certains d’entre eux, cherchent à peser sur le cours des événements Clément Méric en est mort…
N’oublions jamais que l’extrême capitalisme est né dans les années 20, dans un contexte de chômage de masse, dans une période où, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, le progrès technologique rendait inutile une multitude d’emplois dans l’agriculture et l’industrie… Comment ignorer que l’extrême capitalisme est une conséquence directe de ce remplacement des hommes par les machines et d’une certaine traduction en terme d’objectifs: selon que les gains de productivité sont utilisés pour le grand capital ou pour l’intérêt général, on a des sociétés d’exclusion et de misère ou des sociétés solidaires.
Concrètement, rien n’interdisait que tous ces gens ignorent le chômage et aillent travailler, dans la santé, l’éducation, la culture etc…non pour le profit d’une minorité, mais pour celui de l’intérêt général.
L’histoire de l'extrême capitalisme, c’est l’histoire de décideurs économiques qui, arrêtent les productions, brûlent le blé, abattent des millions d’animaux, répandent le gazoil sur les stocks de nourriture, jettent le lait dans les égouts, voire interdisent tracteurs et machines-outils, n’hésitant pas à faire tirer sur des chômeurs affamés réclamant du pain.
L’histoire de l'extrême capitalisme, c’est l’histoire de ce grand patronat qui détruit pour garantir les prix, garantir ses profits, garantir sa consommation de luxe au quotidien.
L’histoire de l'extrême capitalisme, c’est l’histoire de ces grands patrons qui, pour éviter le dépassement de la servitude salariale, créent artificiellement la pénurie. Une pénurie provoquant un état de nécessité généralisée poussant nombre de désespérés vers la xénophobie et le racisme. L’histoire de l'extrême capitalisme, c’est l’histoire de ces patrons qui financent des partis fascistes ou nazis et qui apprécient les guerres pour la croissance de leurs seuls profits. Des patrons qui affirmaient après 1936:
« Plutôt Hitler que le Front populaire ! ».
L’histoire de l'extrême capitalisme, c’est l’histoire du parti nazi qui, une fois au pouvoir, rétablit le livret de travail salarié pour renforcer le pouvoir des chefs d’entreprise, envoyant travailler tout contestataire comme esclave dans des ateliers rattachés aux des camps de concentration.
En 1923, dans une Allemagne en plein marasme, où s'opposent, d’un côté, les défenseurs du travail salarié, et de l’autre, ceux qui souhaitent l'abolir pour construire une société de producteurs librement associés, Hugo Stinnes, grand capitaine d'industrie, déclare à l’ambassadeur américain :
« Il faut trouver un dictateur qui aurait le pouvoir de faire tout ce qui est nécessaire. Un tel homme doit parler la langue du peuple et être lui-même un civil. Nous avons un tel homme. » Hitler venait de recevoir l'onction du grand patronat.
Du statut d'homme de main au service des patrons, faisant le coup de poing à la tête de ses groupe d'extrêmes-capitalistes, attaquant les meetings anticapitalistes, tabassant, tuant les grévistes à la porte des usines, Hitler allait devenir un homme politique craint, écouté et respecté. Dès 1923, la plus grande fortune d'Allemagne, l'industriel Fritz von Thyssen, verse 100 000 marks or au parti nazi.
Financé, par un nombre grandissant d'industriels et de banquiers, ce parti prétend être celui des travailleurs, alors qu’il n’est que le parti de la défense du travail salarié. Fort de 200 000 adhérents avec un service d'ordre transformé en véritable armée privée au service de la bourgeoisie industrielle, bancaire, financière et commerçante.
Les nazis appelaient à l'union sacrée des travailleurs et de l'Etat autour du grand patronat. L'appel à cette union, on le retrouve dans le programme de La Troisième Voie, groupe dont se réclament ceux qui ont tabassé à mort Clément Méric...
Après le recul des Nazis aux élections de novembre 1932, une quarantaine des plus grands capitalistes d´Allemagne envoient une pétition au président Hindenburg pour exiger la nomination d’Hitler comme chancelier national. Leur vœu est exaucé.
Le 20 février 1933, l'ancien président de la Banque nationale d'Allemagne, le docteur Schacht, organise une réunion avec les plus grands dirigeants industriels et financiers: 3 millions de marks sont versés pour financer la campagne électorale des nazis. Aujourd’hui encore, on enseigne aux écoliers, qu’Hitler a démocratiquement gagné les élections du 5 mars 1933!
Mussolini, lui aussi, était très apprécié par les banquiers et les industriels, le 23 mars 1919, c'est dans dans un local appartenant au Cercle des intérêts industriels et commerciaux que le duce créera ses faisceaux de combat... tout un programme. A la tête de ses bandes armées, Mussolini se livre à de nombreuses agressions contre les grévistes : dès le début, les fascistes italiens furent soutenus financièrement par Giovanni Agnelli, propriétaire des usines Fiat, le plus grand empire industriel d'Italie.
En 1922, Mussolini reçoit le soutien unanime de la Confindustria et de Confagricoltura, deux confédérations qui regroupent le patronat industriel et les propriétaires agricoles de toute l'Italie.
La mort de Clément s'inscrit dans une longue liste de victimes, notamment en Grèce. Dans ce pays plongé dans une misère de masse par un endettement bancaire illégitime et criminel, le parti néo-nazi Aube Dorée est entré au Parlement avec 7% de voix. Ses militants attaquent en toute impunité, anticapitalistes, immigrés et homosexuels. Par ses agressions contre les grévistes, Aube Dorée se range résolument au côté du patronat.
Le capitalisme, qu'il soit politiquement revendiqué par la gauche ou par la droite traditionnelles, qu'il le soit par les fascistes ou par les nazis, le capitalisme exige la soumission des travailleurs au salariat, seule source de revenu pour le grand patronat et leurs collaborateurs politiques.
Le capitalisme, c’est l’expropriation systématique des petits producteurs indépendants, par l’endettement bancaire, à coup de taux d’intérêts scandaleusement illégitimes. Expropriés, dépossédés, il ne reste que le choix entre chômage ou salariat. Aujourd’hui, 92 % de la population active est salariée…
Les conseils des ministres se contentant d’enregistrer des décisions prises par les conseils d’administration du CAC 40, comment le PS et l’UMP peuvent-ils qualifier de démocratique une société dont le sort est totalement entre les mains de grands actionnaires qui se conduisent comme des prédateurs…des prédactionnaires ?
Banquiers et industriels n'hésiteront pas, le jour venu, à laisser tomber les politiciens d'hier, usés par le pouvoir, pour mettre à leur place ceux qui savent le mieux capter la confiance du peuple. N’oublions pas qu’Hitler ne fut jamais qu’un petit caporal porté par le grand capital. Cet obscur indicateur de police serait resté un illustre inconnu, sans le soutien des milieux d’affaires.
Le combat antifasciste, c'est surtout et avant tout, un combat quotidien contre le capitalisme qui nourrit en son sein, à coup de contradictions exacerbées, les conditions du développement des idées de l'extrême capitalisme.
« J'ai beaucoup parlé d'Hitler. C'est qu'il le mérite : il permet de voir gros et de saisir que la société capitaliste, à son stade actuel, est incapable de fonder un droit des gens, comme elle s'avère impuissante à fonder une morale individuelle. Au bout du cul-de-sac Europe, il y a Hitler. Au bout du capitalisme, désireux de se survivre, il y a Hitler. » (Aimé Césaire, 1950)
Le dépassement du capitalisme, mené en connaissance de cause, est vital afin de passer du travail salarié pour le profit au travail libéré pour la vie.
Alain Vidal, Libérons La Monnaie
Droit devant pour sortir du capitalisme dans la lucidité :
D'accord avec votre analyse du capitalisme. le problème c'est que je n'ai pas davantage confiance dans la gauche pour établir une société non seulement juste mais démocratique.
RépondreSupprimerLa gauche se sert du peuple pour faire avancer son agenda. Mais elle n'a pas confiance en le peuple et prétend parler en son nom.
Je suis horrifié devant le nombre de gauchistes avec qui j'ai pu m'entretenir du sujet qui ne veulent pas entendre parler de référendum !! Parce que ceci, parce que cela !
En fait, ils ne veulent surtout pas risquer d'être désavoué par le peuple dont ils se réclament !
Précision : je votais à gauche depuis 1985 ! Mais l'attitude scandaleuse selon moi de TOUTE la gauche dans le débat sur le volet adoption-filiation de la loi Taubira sur le mariage des couples de personnes de même sexe m'a franchement ouvert les yeux sur un état d'esprit que je ne saurais cautionner !
Il y a là comme un gros problème. Trop de cette suffisance, de cette arrogance et de cette mauvaise foi que l'on reproche traditionnellement, à juste titre, à la droite en matière socio-économique ! Mais elle n'a pas davantage sa place sur les sujets sociétaux !
A bon entendeur ...
Il me semblait pourtant avoir été suffisamment clair lorsque j'évoque les partis capitalistes traditionnels, de gauche comme de droite, notamment le PS et l'UMP que je cite précisément.
RépondreSupprimerBien évidemment que la gauche se sert du peuple, puisque le PS, entre autre se positionne clairement pour la défense du capitalisme, plus exactement pour
la réduction au salariat ou au chômage de la population active.
Comment se référer à la démocratie quand on défend des lois qui légalisent la subordination, concept aux antipodes de l'émancipation, condition nécessaire à tout fonctionnement démocratique de toute société?
Au plaisir de vous lire.
Alain Vidal.
Quand je parle de gauche, cela va du PS à l'extrême gauche qui ont soutenu à l'unisson le projet Taubira sans aucun discernement et en se prêtant complaisamment aux méthodes d'étouffement du véritable débat qu'à l'image d'une large majorité des opposants je considérais comme le point d'achoppement : le volet adoption-filiation automatiquement induit par le mariage ! Quand le volet union civile lui ne faisait pas massivement problème.
RépondreSupprimerA cette occasion j'ai découvert la façon de procéder profondément malhonnête du gauchisme dont j'ai été proche on va dire depuis la création d'Attac ! Désormais, je me situerais davantage dans l'orbe de Jean-Claude Michéa dont je ne pense pas abusif de dire qu'il incarne une certaine gauche raisonnablement progressiste et sagement conservatrice ...
Selon moi une attitude de progrès oscille entre ces deux pôles et ne doit s'interdire aucun rapprochement de l'une des deux extrémités en fonction des circonstances.
Alors une fois qu'on a fait un légitime procés de la dérive extrémiste induite par la logique du capitalisme, que faire ...
Bien à vous.
Clément Méric était, paix à son âme, aussi violent que ceux qui ont été la cause de sa mort. Violence morale (éliminer des personnes qui ne méritent pas d'avoir voix au chapitre) et physique.
RépondreSupprimerOn ne combat pas le fascisme par la haine et la violence physique, ou alors c'est qu'on place en face du fascisme un autre fascisme. C'est malheureusement le cas des antifas.
Un "antifa" est aussi stupide qu'un "fa", car il ne trouve son action que dans la confrontation violente. Même violence aveugle, et pur jeu de miroirs narcissique.
Fils de bourgeois, formé à Sciences Po, c'est un immigré smicard qui lui a donné le coup fatal. Où est le beau romantisme révolutionnaire dans cette farce ? Clément Méric, victime du fascisme ? Mais il était fasciste lui-même. Il est victime de son propre fascisme, et son meurtrier involontaire est son alter ego.
Beau tableau en vérité : la bourgeoisie sûre d'elle et dominatrice, bien-pensante, cultivée, qui a les moyens de gravir l'échelle sociale, veut faire disparaître l'ignorant immigré sous-payé qui se permet d'avoir des idées différentes d'elle. C'est l'exploitant bien-pensant qui se fait tuer par l'exploité. Voilà la vérité, et symboliquement elle n'est pas neutre.
Du reste, il s'avère que ce sont les antifas qui ont pisté les skins jusque dans le lieu de la vente ; ils cherchaient donc la confrontation. N'en faites donc pas un héros ni une victime trop vite, il n'est ni l'un ni l'autre, mais simplement un jeune idéaliste prenant son idéologie pour Dieu et son ennemi pour Satan.
Je suis contre le fascisme, et je suis donc contre le fascisme sous toutes ses formes, y compris quand il se drape dans les oripeaux de la bien-pensance de gauche, tout aussi violente symboliquement et physiquement que celui qu'il prétend combattre.
Les idéologies fascistes de droite sont nauséabondes, celles de gauche le sont aussi.
Pardonne-moi, Clément, mais le fascisme de gauche sent aussi mauvais que celui de droite.