Maigres et gras au moyen-âge

Quand les maigres se méfiaient des gras, 

quand le peuple des villes se méfiait des marchands

“ Riches bourgeois d'autrui substance

qui faites Dieu de votre panse...

du blé aimez la grande vendue

vil acheter et vendre cher

et usurer et gens tricher. "

Traduction de ce texte du Moyen-Age, écrit en vieux françois:

“Riches bourgeois qui vous nourrissez du travail des autres...vous aimez les grandes récoltes de blé quand vous l'achetez aux paysans le moins cher possible, pour les revendre au prix le plus élevé, vous volez l'argent des autres et vous trichez ”

Le marchand achète pour revendre. Il vend ce qu’un autre a déjà produit. Ce qu’il vend n’est pas  le résultat de son travail. Boulanger, cordonnier, boucher  vendent ce qu'ils ont fabriqué avec leurs mains, avec leurs outils, avec leur savoir-faire…

Au Moyen-Age, sous l’influence de l’Eglise catholique, on se méfie beaucoup du marchand. Dans les textes de l’époque, il est souvent considéré comme un voleur.
 

 A Marseille, un grand port de la Méditerranée, le revendeur local, celui qui achète pour revendre, est très limité dans ses activités. Il est très surveillé par les gardes. Le blé qui arrive par la mer est d'abord vendu à la population, à ceux qui en ont besoin pour se nourrir.

 La vente du blé doit se faire sine fraude revenditionnis. A l'époque, on considère que revendre est une fraude, une tricherie, du vol. Pendant les trois jours qui suivent le déchargement du bateau, les marchands n'ont pas le droit de s'approcher du port. Il est interdit aux revendeurs d'acheter. Seuls les consommateurs, la population locale, ceux qui achètent pour se nourrir, eux et leur famille, ont le droit d'approcher des  navires qui déchargent le blé.

On privilégie le rapport direct  producteur-consommateur, sans intermédiaire. Mais les marchands « revendeurs », protégés par le roi, vont accroître leur pouvoir. Et les consommateurs, avec le temps, seront de moins en moins protégés.

Le fossé se creuse entre les gras  et les maigres, entre  le peuple et les bourgeois qui ont des propriétés et qui dirigent les villes. Les inégalités augmentent entre la population et les revendeurs (les marchands).

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