Un article pour le 17 octobre 2002
Massacre des Algériens le 17 octobre 1961
Ce que le très chrétien bourgeois du XX siècle
ne pardonne
pas à Hitler,
ce n'est pas le crime en
soi,
c'est le crime contre l'homme blanc
"Il vaudrait la peine d'étudier
cliniquement…les démarches d'Hitler et de révéler au très distingué, très
humaniste, très chrétien bourgeois du XX siècle qu'il porte en lui un Hitler
qui s'ignore… et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le
crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de l'homme en
soi, c'est le crime contre l'homme blanc… et d'avoir appliqué à l'Europe des
procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les arabes d'Algérie,
les coolies de l'Inde, et les nègres d'Afrique"
(Aimé Césaire,
écrivain, poète antillais)
Déportation, camp de concentration, travail
forcé, torture institutionnalisée, massacre, extermination: pour les européens
victimes des procédés colonialistes des nazis ou pour les "indigènes"
victimes du colonialisme des européens...où est la différence? En Algérie, pour
exterminer les familles fuyant les massacres, et réfugiées dans les grottes, le général Bugeaud
ordonnait le gazage par "enfumades", Hitler, progrès technique
aidant, préférait les chambres à gaz…Martyr des habitants d'Oradour-sur-Glane
enfermés et brûlés vifs par les SS dans l'église de leur village, ou martyr de
ces paysans maghrébins enfermés et brûlés vifs par des soldats français dans
la mosquée de leur village...où est la
différence? Les atrocités du nazisme et
du stalinisme sont dans les manuels d'histoire…mais à l'école on tait encore
les crimes d'une certaine colonisation.
Il a
fallu attendre mai 2001 pour que la France reconnaisse la traite et l'esclavage comme crime contre
l'humanité, mais sans que soit mentionnés ni la déportation ni le principe de
réparation concernant, entre autres, les 12 millions d'africains déportés en
Amérique dans ces camps de concentration que furent mines et plantations.
Combien de temps encore pour qualifier le colonialisme de crime contre
l'humanité?
Au XVIII siècle, en France, des voix s'élevaient déjà contre "les
droits du seul homme… blanc". Or, bien après la Déclaration des
Droits de l'Homme et l'abrogation de
l'esclavage, Jules Ferry, apôtre de la colonisation, déclare à l'Assemblée
Nationale, le 25 juillet 1885:"La consommation
européenne est saturée: il faut faire surgir des autres parties du globe
d'autres consommateurs…Si la Déclaration des Droits de l'Homme a été écrite
pour les Noirs de l'Afrique équatoriale, alors de quels droits allez-vous leur
imposer les échanges, les trafics ? Ils ne vous appellent pas…Les races
supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures. Elles ont le devoir
de civiliser les races inférieures… La politique coloniale est fille de la
politique industrielle."
Et Clémenceau, de l'interpeller: "Regardez l'histoire de la
conquête de ces peuples que vous dites barbares, et vous y verrez la violence,
tous les crimes déchaînés, l'oppression, le sang coulant à flots, et le faible
opprimé, tyrannisé par le vainqueur. Voilà l'histoire de notre
civilisation…Non, il n'y a pas de droit des nations dites supérieures contre
les nations inférieures… n'essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite
de civilisation". A l'époque, un fort courant
anticolonialiste traversait l'opinion publique.
La Commune de Paris: la Semaine sanglante
La Commune de Paris: la Semaine sanglante
Après l'écrasement de la Commune, l'histoire se met au service d'une "religion
de la patrie, une religion qui n'a pas de dissident"
(Jules Ferry, 10 août 1881). L'école devient un formidable outil
d’endoctrinement de la jeunesse, un formidable outil de propagande au service
des puissances d'argent. Endoctrinés dès l'enfance, des générations de soldats
obéiront aveuglement aux ordres donnés par impuissance de conscience. Ainsi enseignée,
l'histoire masquera ou justifiera les
pires crimes du terrorisme d'état. Véritable zone de non-dits historiques, une
culture coloniale sous-jacente alimente encore aujourd'hui racisme et néo-colonialisme.
Dans les manuels scolaires, les armées françaises n'envahissent pas, ne
pillent pas, ne torturent pas, non! la France ne fait que des explorations, que
des découvertes. La France étend son
influence, elle s'installe… L'armée fait des conquêtes, elle pacifie. La
conquête, c'est la civilisation et l'invasion, la barbarie. Préférer conquête à
invasion, c'est camoufler par les mots le crime perpétré par les armes. Masquer
ces atrocités, c'est alimenter la lepénisation des esprits après que le racisme
ait légitimé le colonialisme. Au regard des continents envahis et occupés par
des européens "sans-papiers", mais armés de fusils et de canons, Aimé
Césaire rappelle que "l'Europe est comptable devant la communauté
humaine du plus haut tas de cadavres de l'histoire".
Que la France déclare le
colonialisme crime contre l'humanité.
Qu'un mémorial soit édifié à la mémoire des victimes qui, bien malgré elles,
ont contribué à la "formidable supériorité économique" des pays du
Nord. Qu'une journée de commémoration devienne une date à résonance
universelle. Que soit reconnu le principe de réparation comme cela est pour les
victimes du nazisme. Mais pour que cette compassion ne masque pas
émotionnellement un questionnement essentiel, encore faut-il que tout cela
s’accompagne d’un enseignement “ déjulesferrysé ” de l’histoire qui
aide les enfants à comprendre comment des gens "sans histoires"
deviennent des bourreaux. D'un enseignement de l'histoire qui aide à comprendre
ce qu'est le terrorisme d'états… voyous.
Pour les enseignants, c'est un devoir envers les enfants.
Alain Vidal, instituteur à Nantes ,17 Octobre 2002
loi pour le contrôle des banques
Lire les propositions de Libérons La Monnaie
loi pour le contrôle des banques
C'est vrai, ce que vous écrivez là,
RépondreSupprimerc'est du passé mais ça n'est pas
reluisant. Que faire? Si on remonte
plus loin, les civilisations con-
quérantes (elles ont eu toutes les
couleurs de peau) ont toujours fait
les mêmes choses. Alors...