(3) Si le grand patronat
m'était conté
|
"On aurait beau
distribuer avec largesse, égalité, « justice », jamais aucun accroissement de la
richesse sociale n'approcherait du point de rassasiement, tant il est vrai que le désir de tout un chacun est
de l'emporter sur tous
les autres par l'accumulation des biens."
Thorstein Veblen
|
Les
trois premiers milliardaires français,
Bernard Arnault, François Pinault, Liliane Bettencourt
|
Les 1826 milliardaires de la planète s'inscrivent au quotidien dans une
compétition inexorable pour la palme de la plus grande fortune, "plus grande" que celles
des autres, et non une fortune dont le montant aurait été définie à l'avance
comme un but honorable à atteindre.
Pour preuve, un milliardaire préfère être le premier avec 50
milliards de dollars que dixième avec 100 milliards...
Ces enrichis ne courent pas après une valeur absolue mais après une valeur
qui autorise la comparaison ostentatoire, on retrouve là cette maladie de
l'addiction au jeu, au nom de laquelle, un joueur est prêt à sacrifier ses
amis, sa famille, ses enfants, plutôt que de se faire déclasser.
Le problème, c'est que ces milliardaires ne le restent qu'en faisant s'affronter au quotidien des armées de salariés les unes contre les autres, à coup de gains de productivité qui provoquent bas salaires, chômage, exclusion croissante, malnutrition et famines...
Le problème, c'est que ces milliardaires ne le restent qu'en faisant s'affronter au quotidien des armées de salariés les unes contre les autres, à coup de gains de productivité qui provoquent bas salaires, chômage, exclusion croissante, malnutrition et famines...
Dans l'extrait ci dessous, Veblen analyse
magistralement cette course à l'honorabilité
Avec cet article, le troisième de la série Si le
grand patronat m'était conté, nous allons à la rencontre d'un grand penseur
des 19ème et 20ème siècle: Thorstein Veblen, économiste et sociologue
américain (1857-1929).
Ces extraits sont tirés de son ouvrage paru en 1899, Théorie de la classe de loisir, chapitre 2, pages 22-23-25 (collection Tel chez Gallimard).
Ces extraits sont tirés de son ouvrage paru en 1899, Théorie de la classe de loisir, chapitre 2, pages 22-23-25 (collection Tel chez Gallimard).
Bonne lecture Alain Vidal
« Du
moment ou la propriété fonde l'estime populaire, elle devient non moins
indispensable à ce contentement que nous appelons amour-propre. Dans toute
société ou chacun détient ses propres biens, il est nécessaire à l'individu,
pour la paix de son esprit, d'en posséder une certaine quantité, la même que
possèdent ceux de la classe ou il a coutume de se ranger; et quelle énorme
satisfaction que de posséder quelque chose de plus!
Or, au fur et à mesure qu'une personne fait de nouvelles acquisitions et
s'habitue au niveau de richesse qui vient d'en résulter, le dernier niveau
cesse tout à coup d'offrir un surcroît sensible de contentement.
Dans tous les cas, la tendance est constante: faire du niveau pécuniaire actuel le point de départ d'un nouvel accroissement de la richesse; lequel met à son tour l'individu à un autre niveau de suffisance, et le place un nouveau degré de l'échelle pécuniaire s'il se compare à son prochain.
Dans tous les cas, la tendance est constante: faire du niveau pécuniaire actuel le point de départ d'un nouvel accroissement de la richesse; lequel met à son tour l'individu à un autre niveau de suffisance, et le place un nouveau degré de l'échelle pécuniaire s'il se compare à son prochain.
Dans la mesure ou elle entre ici en question, la
fin qu'on se propose en accumulant,c'est d'avoir assez de puissance pécuniaire
pour prendre le pas sur les autres.
Tant que la comparaison lui sera nettement défavorable, l'individu
normal, l'individu moyen vivra dans l'insatisfaction chronique et se trouvera
mal loti; et quand il aura rejoint ce qui peut s'appeler le niveau pécuniaire
normal, cette insatisfaction fera place en lui à une surtension; il n'aura de
cesse que l'intervalle s'élargisse encore et toujours entre sa position et ce
niveau dit normal.
L'individu qui se livre à la comparaison provocante ne la trouvera
jamais assez favorable: il ne demanderait pas mieux que de se placer plus haut
encore.
En tout état de cause, le désir de richesse ne peut guère être assouvi
chez quelque individu que ce soit; quant à combler le désir moyen, le désir
universel de richesse, il n'en saurait être question.
On aurait beau distribuer avec largesse, égalité,
« justice », jamais aucun accroissement de la richesse sociale
n'approcherait du point de rassasiement, tant il est vrai que le désir de tout
un chacun est de l'emporter sur tous les autres par l'accumulation des biens.
Si, comme on l'a parfois soutenu, l'aiguillon de l'accumulation était le besoin de moyens de subsistance ou de confort physique, alors on pourrait concevoir que les progrès de l'industrie satisfassent peu ou prou les besoins économiques collectifs ; mais du fait que la lutte est en réalité une course à l'estime, à la comparaison provocante, il n'est pas d'aboutissement possible […]
Si, comme on l'a parfois soutenu, l'aiguillon de l'accumulation était le besoin de moyens de subsistance ou de confort physique, alors on pourrait concevoir que les progrès de l'industrie satisfassent peu ou prou les besoins économiques collectifs ; mais du fait que la lutte est en réalité une course à l'estime, à la comparaison provocante, il n'est pas d'aboutissement possible […]
Une comparaison provocante est un procédé de cotation des personnes sous
le rapport de la valeur. »
Combien de temps faut-il aux trois premiers milliardaires
français,
Bernard Arnault, François Pinault ou Liliane Bettencourt
pour gagner 33 990 € (l'équivalent du salaire annuel moyen français) ?
Bernard Arnault, François Pinault ou Liliane Bettencourt
pour gagner 33 990 € (l'équivalent du salaire annuel moyen français) ?
Pour le savoir, cliquez sur le lien pour lancez le
chrono !
http://www.journaldunet.com/economie/magazine/gains-des-milliardaires-francais.shtml
à suivre...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire