samedi 25 juin 2022

 

L'ubiquité des biens immatériels

par Alain Vidal


 

L’ubiquité est la capacité d'être présent en plusieurs lieux, simultanément. Le terme est dérivé du latin ubique qui signifie partout. Les biens immatériels qui sont produits dans l’atelier cérébral, obéissent au concept d’ubiquité, car ils sont présents dans un nombre illimité d’endroits et utilisables par un nombre illimité de personnes.

En effet, une idée, un poème, une invention, un film etc…peuvent être partout à la fois, et simultanément, par transmission, par duplication, sur supports, eux aussi immatériels, via internet. Une même série peut être visionnée par des milliards de personnes, la même soirée.

L’échange ne concerne que les objets physiques. Ces objets ne relèvent pas de l’ubiquité. Quand ils sont à un endroit, ils ne sont pas ailleurs.

Un bien matériel est tangible, on peut le toucher…il se mesure, à l’aide d’unités de masse, de longueur, de volume. Sauf que dans le commerce, il est impossible d’échanger un kg de pommes contre un kg de jeans ! Tout comme, on n’échange pas 100 gr d’or contre 100 gr de farine.

Intuitivement, on se rend compte que l’échange serait inégal.

 

Le temps, mesure de l’échange marchand

 

Il faut considérer le temps nécessaire, passé à la production, ainsi que celui correspondant aux taxes inclues dans le prix de vente.

Dans les exemples cités, on voit bien que c’est le temps qui permet de comparer ces objets : temps nécessaire à la production de l’or, de la farine, de pommes, de jeans, de voitures, de bonbons, d’avions…Le temps est l’équivalent universel de toutes les transactions commerciales.

Le temps est une donnée objective mesurable au milliardième de seconde. Un échange marchand pouvant s’évaluer en centimes, deux prix égaux seront alignés sur les temps respectifs de production des marchandises et sur les taxes afférentes.

 

Le savoir n’a pas de prix

 

Il échappe subtilement à toute mesure, à tout échangisme marchand, à toute logique de marché. Le partage du savoir est à la mode, sauf que cette formule est aussi fausse que de dire, le soleil se lève !

Un astronome le dira à son enfant, mais en aucun cas dans le cadre de son travail. Cette différence entre langage familier et scientifique ne semble pas affecter outre mesure, la communauté des économistes qui revendique la rigueur dans leurs analyses tout en prétendant à la marchandisation des services.

Si les biens physiques sont mesurables, il est impossible de mesurer objectivement de l’immatériel. Une idée, un poème, un comportement, une ambiance, une œuvre d’art… relèvent du domaine de la subjectivité. Une invention sera appréciée différemment selon son utilité variant d’une personne à l’autre.

Par contre, un temps de production est indiscutable, le chronomètre faisant foi !

Chaque jour, des milliards d’humains utilisent les 26 lettres de l’alphabet. Un alphabet n’ayant jamais connu de rupture de stock depuis plus de 2300 ans d’existence. Il en est de même pour les 10 nombres de 0 à 9.

Quant au théorème de Pythagore il n’a pas pris une ride malgré son utilisation immodérée depuis 2500 ans. Par contre, le lait de brebis qu’a bu le mathématicien de Samos pour fêter son invention, n’a servi qu’une seule et unique fois, et pour cause !

La création immatérielle n’a pas sa place en économie. Pour preuve, les connaissances, (savoirs, savoir-faire…) nécessaires à la construction d’un cours d’histoire peuvent être utilisées simultanément par un nombre illimité d’enseignants. Par nature, les connaissances existantes sont inépuisables, non périssables. En outre, un même cours, une fois élaboré, peut être transmis à un nombre incalculable d’auditeurs ou de lecteurs.

Une plaidoirie d’avocat, un diagnostic médical, un acte notarial, une invention, un réglage technique, la conception d'un projet par un ingénieur, un mode d’emploi, un plan, une recette de cuisine, une création monétaire, un crédit bancaire…plus globalement un savoir-faire, n’exigent aucun prélèvement de matières premières. Dans cet inventaire à la Prévert, rien n’est pris à la terre, aucune empreinte écologique, preuve d’une quelconque dépense de biens rares, n’est à constater.

Dans la production d’un bien immatériel, on ne constate aucune destruction préalable des « matériaux » immatériels utilisés.

Ce qui se produit sans destruction, sans dépense aucune, de matières physiques ne peut faire l’objet d’un échange.  Ce qui fait appel à une activité uniquement cérébrale, appartient au domaine de l’abondance.

L’utilisation de ces biens ne devrait entraîner aucune rivalité. Pourquoi se battre quand on jouit d’une abondance garantie illimitée pour tous ?

Dans l’industrie, l’agriculture et l’artisanat, la production de biens matériels, relève du champ de l’économie, les ressources matérielles de la planète étant par nature finies. L’économie, c’est la gestion des ressources périssables, de ces ressources qui s’épuisent et qui finissent par disparaître dans l’usage.

 

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