lundi 15 février 2016

Prison:75% des détenus sont des Noirs et des Arabes, descendants de colonisés



75% des détenus sont des Noirs et des Arabes...


 ...descendants de colonisés


Mémoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions
10 Mai 2016  
Esclavage, racisme et criminalisation


Les Nations-Unies qualifient d’esclavage, 
 le travail en prison pour réduction de peine
En France, 
75% des détenus sont des Noirs et des Arabes,
descendants de colonisés
pour beaucoup, leurs familles  furent soumises au travail forcé jusqu’en 1946


De la peur de l’autre à  la peur pour l’autre,
de la compétition à  la coopération
Un  projet d’éducation populaire
  inspiré de la conférence d’Angela Davis
«La prison : un système industriel,
 ses liens avec l’esclavage»
 

«  A travers le monde, le racisme s’est imbriqué avec les pratiques d’emprisonnement […] un nombre disproportionné de personnes de couleur et de personnes du Sud mondialisé sont incarcérées   dans des maisons d’arrêt ou des prisons. »
Angela Davis,

professeure de philosophie et d'histoire de la prise de conscience 

invitée de la Ville de Nantes, 10 Mai 2015

 

«  Tu sais que tu es blanc, quand un ami noir à toi se fait contrôler plusieurs fois dans la semaine par la police, alors qu’on ne te demande jamais rien à toi.  »                     
extrait du film, « Trop noire pour être française »
d’Isabelle Boni-Claverie,
invitée de la Ville de Nantes, 10 Mai 2016

  Au-delà de la Servitude                    La Fabrique des Gestes

Libérons La Monnaie


Construit dans la coopération,
l'humain se détruit dans la compétition

  Cest dans  la coopération, par  la libre transmission d’un patrimoine de savoirs et de savoir-faire mis en commun, que les hominidés ont évolué vers l’humain, selon les paléoanthropologues, Richard Leakey et Roger Lewin :
 «Les hommes n’auraient pas pu s’épanouir d’aussi remarquable manière, si au départ, nos ancêtres n’avaient témoigné d’étroite coopération. La clé de la transformation d’une créature sociale semblable au singe en un animal cultivé, vivant au sein d’une société hautement structurée et organisée, est le partage : partage du travail et partage de la nourriture.».
Ainsi, chacun a pu reprendre la technique inventée par l’autre, et  la perfectionner, si bien que de transmission en transmission, inventions et découvertes iront se multipliant.
A la différence d’un gâteau consommable par un seul individu, et perdue à tout jamais, les biens immatériels (les productions cérébrales) sont utilisables à l’identique simultanément, dans le temps et dans l’espace, sans déperdition aucune, par un nombre illimité d’individus. En outre, leur utilisation ne fait qu’enrichir l’héritage. 
 Autant, la nourriture devra s’économiser, et plus généralement les biens matériels qui, par définition,  relèvent du domaine de la rareté, autant les productions immatérielles seront utilisées sans modération, car relevant du domaine de l’abondance. Alors que les biens matériels s’usent quand on s’en sert, les biens immatériels, dans leur utilisation, en donnent naissance à d’autres.
Les cerveaux de nos premiers ancêtres connectés entre eux, furent  infiniment plus créatifs qu’isolés les uns des autres. Pendant des millions d’années, ce fut  l’esprit Linux avant la lettre ! Dans son Histoire populaire de l’humanité, Chris Harman le confirme:
    « Les deux millénaires, précédant l’an 3000 avant J-C, avaient connu des découvertes dans la science appliquée qui affectèrent directement ou indirectement la prospérité de millions d’êtres […] Ainsi, contrairement à une idée reçue, les grandes avancées (le fer, la roue à eau, l’écriture alphabétique, les mathématiques pures) sont le fait «    des peuples barbares    » à la périphérie des «    grandes civilisations.»
L’intérêt supérieur du partage dans la coopération, est que le temps des productions matérielles, qu’exige le corps humain, ne fait que diminuer. Ce qui est dû  l’accélération d’un  progrès technologique au service  de l’intérêt général.
Mais avec l’avènement de ce qui est convenu d’appeler les « grandes civilisations », avec l’invention de la domestication de l’homme par l’homme, avec la compétition entre dominants, prenant le pas sur la coopération, des phénomènes de régression sont apparus.
En effet, le pouvoir du dominant repose sur un état de nécessité imposé au plus grand nombre, engendré par la confiscation du patrimoine technologique. Fini le partage dans la coopération.
Les communautés paysannes nouvellement asservies travailleront la plus grande partie de leur temps pour un maître. Dorénavant, à niveau technologique équivalent on travaillera plus, mais pour vivre moins bien... !
Un système basé sur l’échange inégal se met  en place:
-une partie du travail des producteurs de base échangée de force contre des produits de luxe et des fournitures militaires qu’exigent  les guerres pour l’enrichissement,
-une autre partie, non échangée, mais distribuée à des salariés (scribes, conseillers, soldats…) chargés du fonctionnement de cette nouvelle société inégalitaire.
Ecrasés de travail, paysans et artisans, de fait, n’innovent quasiment plus. La recherche relevant d’une  infime minorité, ne sert plus que de faire-valoir aux privilégiés. Selon Chris Harman :
« L’absorption toujours plus grande des ressources par la classe dirigeante fut accompagnée d’un ralentissement considérable dans le développement de la capacité des hommes à contrôler et   comprendre le monde naturel. »
Si les générations précédentes avaient ainsi agi, le retard accumulé aurait été tel que « l’humanité » n’en serait probablement qu’aux premiers balbutiements du langage articulé, et encore…
Cette nouvelle société s’est construite à l’aide d’une première servitude, le salariat, condition première de la mise en place des deux autres. Les soldats dans la subordination au chef, avaient pour tâche, de razzier, et de réduire au servage ou en esclavage, des dizaines, des centaines, voire des milliers d’individus… Aucun individu, aussi  fort, aussi rusé, soit-il, n’aurait pu accomplir, seul,  pareil exploit.

Le luxe, cette esthétique de la domination

Selon l’économiste Thorstein Veblen        :
        «  Le motif qui se trouve à la racine de la propriété, c’est la rivalité […] la possession des richesses confère l’honneur : c’est une distinction provocante[…]  »
Pour Veblen, la propriété n’a « aucun rapport avec le minimum vital », ce qui est recherché, c’est la distinction par l’envie, suscité chez autrui, que provoque l’accumulation des biens de luxe. L’important, c’est la reconnaissance sociale, l’image de puissance qu’on en retire, et         Veblen de préciser, «  L’individu qui se livre à la comparaison provocante ne la trouvera jamais assez favorable: il ne demanderait pas mieux que de se classer plus haut encore. »
Au nom de cette « comparaison provocante », du jour au lendemain, des communautés de cueilleur-chasseurs, de paysans et d’artisans, vivant dans la réciprocité et le partage, ont été plongées dans l’enfer de la servitude, du Croissant fertile aux Amériques, en passant par l’Afrique et l’Asie.
Le désir du luxe, du somptuaire, s’est répandu, brisant des solidarités ancestrales, interdisant tout travail pour le bien commun. La domestication de l’homme par l’homme inaugure un processus qui dure encore aujourd’hui, celui du détournement du capital-temps d’un groupe, vers des intérêts particuliers et ce, aux dépens de l’intérêt général, les privilèges s’obtenant parles profits générés par le travail d’autrui.
Des cohortes d’êtres asservis sacrifiés à la construction, de temples, de palais, de tombeaux, tous plus hauts, plus vastes les uns que les autres. Des milliards d’heures furent         dépensées pour des monuments qu’on donne à visiter aux touristes, en occultant le travail forcé qui en fut le prix.
Depuis l’Antiquité, qu’on soit pharaon, seigneur féodal ou grand patron, l’objectif, c’est l’accroissement des richesses, avec une industrie de la guerre se développant toujours sur la réduction des besoins  vitaux du plus grand nombre.

Industrie pénitentiaire pour européens pauvres
et descendants de colonisés

Au cœur du moyen-âge chrétien, à l’aube du 10ème siècle, plus de 8000 esclaves blancs travaillaient encore sur les domaines de l’abbaye de Saint-Germain-des Prés. A l’esclavage, les dominants préféreront le servage, le droit au mariage favorisant la natalité, l’accroissement de la main-d’œuvre servile enrichira les seigneurs.
Que ce soit par la violence physique ou par des lois qui favorisent l’appauvrissement pour l’enrichissement, les masses n’ont le choix qu’entre la servitude ou le vagabondage. Le vagabond,  essayera  de survivre en volant sa pitance à d’autres appauvris.
Croyant avoir été libérés définitivement de la servitude féodale, les serfs affranchis seront         peu à peu expropriés par les marchands des villes (au moyen de l’argent-dette,) et rabattus vers le salariat, dans les ateliers et manufactures de leurs créanciers.
Pour les chômeurs, une industrie particulière se développera, l’industrie de la punition, sur le modèle des workhouse en Angleterre. Hommes, femmes et enfants, forcés au travail pour le profit dans les pires conditions, soumis aux coups et aux sévices sexuels. Aboli en Europe, l’esclavage         renaîtra à la Renaissance, participant au développement de ces grandes cités marchandes, gardiennes des arts et des belles lettres.
Esclavagisme antique, féodalisme, capitalisme, dans ces systèmes où des privilégiés détournent le temps d’autrui à leur profit, le temps dévolu au bien commun, mathématiquement, devient impossible.
Les Noirs affranchis de l’esclavage subiront le même sort que les travailleurs européens, affranchis quelques siècles plus tôt, d’abord de l’esclavage, puis du servage.
Pour preuve, les lois raciales au 19ème siècle :
-dans les Antilles françaises après 1848, au prétexte fallacieux d’une absence de timbre sur le passeport intérieur imposé aux nouveaux «libres», on était condamné à la sucrerie pénitentiaire pour payer l’amende !
–aux USA, les Noirs «affranchis» en 1865, furent soumis à une législation d’exception, arrêtés, jugés, emprisonnés, pour des délits qui ne l’étaient pas pour les blancs, ils étaient loués à des particuliers ou à des entreprises, dans des conditions souvent pire qu’avant l’abolition. Ces lois furent en vigueur jusqu’en 1940.
Combien de souffrances sans nom a coûté l’acquisition, à Nantes, par des planteurs et armateurs, de ces magnifiques hôtels particuliers du quai de la Fosse ? Et pourtant, malgré trois piqûres de rappel, malgré trois abolitions successives, 1794, 1848 et 1946, cela n’a pas suffi, l’odieuse surexploitation de l’esclave se perpétue…
En 2016, en France, dans les prisons, de Nantes…et d’ailleurs, la population carcérale, constituée à 75% de descendants de colonisés, Noirs  et Arabes, en est réduite   au travail forcé pour obtenir une réduction de peine supplémentaire.
       
La France des prisons,
du Code du travail au travail sans Code

Sur le site officiel du ministère de la justice, on peut lire l’offre qui est faite aux entreprises:
«  Les détenus travaillent pour le compte d’entreprises privées qui installent un atelier en prison... Une solution économique, flexibilité et proximité. […] un mode de rémunération basé sur la production réelle et des charges patronales moindres, […] une souplesse et une réactivité qui permettent de mobiliser rapidement un grand nombre d’opérateurs pour répondre aux commandes.
Le programme Entreprendre initié en 2008 vise à communiquer largement sur le travail pénitentiaire, notamment en direction des entreprises. Le Code de procédure pénale indique que les relations de travail des personnes incarcérées ne font pas l’objet d’un contrat de travail entre le détenu et le concessionnaire.
L’administration pénitentiaire fournit gratuitement les locaux industriels adaptés à l’activité. Assure la surveillance et garantit la sécurité. Adapte l’organisation, l’environnement et le temps de travail aux besoins de l’entreprise.»
       
L’esclavage, une réponse au chômage

Licenciés, car considérés comme non rentables dans le cadre des obligations patronales qu’exige le code du travail, en toute « légalité pénitentiaire », des chômeurs devenus détenus, alimentent un gisement de profit très convoité.        
Sans contrat de travail, travaillant à la pièce et à temps plein, pour environ 150 € mensuel, le détenu ne relève pas du Code du travail.
Surexploités, comparativement aux salariés embauchés avec un contrat de travail,         victimes d’un chantage à la réduction de peine supplémentaire, des femmes, des hommes, en sont réduits au travail forcé, un travail qualifié d’esclavage par l’Organisation Internationale du Travail (Nations Unies) sur la base des conventions internationales de 1930 et 1957.
Ni SMIC, ni congés payés, ni indemnités en cas d’arrêt de travail pour cause de maladie ou d’accident du travail, ni assurance chômage en cas de perte involontaire d’emploi. Aucune contestation judiciaire n’est possible pour les détenus. Tout contrôle impromptu de l’inspection du travail est interdit…Les entreprises qui emploient cette main-d’œuvre servile, le font par sous-traitants interposés, de peur de perdre leurs clients, si cette surexploitation était rendue publique. Jamais les grands médias n’abordent ce thème, le sujet est tabou.
Au delà même de l’univers carcéral, les actionnaires en mal d’investissement et de profit, hésitent de moins en moins à utiliser des esclaves en sous-traitance. Ce système constitue une réponse forte à la non rentabilité du chômeur.
   
Des racines républicaines du racisme
à la criminalisation des Arabes et des Noirs

En Europe, dans la deuxième moitié du 19ème siècle, avec la révolution industrielle et le remplacement de l'ouvrier par la machine à vapeur, les marchandises s’accumulent, les invendus apparaissent. La tentation est grande de se faire la guerre entre Européens, pour conquérir des marchés, non plus par les lois du commerce, mais par la force armée.
A Paris, en 1849, au Congrès de la Paix…entre Européens seulement, Victor Hugo :
«  Au lieu de se déchirer entre soi, on se répandrait pacifiquement sur l’univers ! Au lieu de faire des révolutions, on ferait des colonies ! Au lieu d’apporter la barbarie à la civilisation, on apporterait la civilisation à la barbarie ! [...] L’Asie serait rendue à la civilisation, l’Afrique serait rendue à l’homme.»
Et en 1879, de continuer dans cette idéologie racialiste :
« L'Afrique n'a pas d'histoire […] Le blanc a fait du noir un homme; au vingtième siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde. Refaire une Afrique nouvelle, rendre la vieille Afrique maniable à la civilisation, tel est le problème. L’Europe le résoudra.
Allez, Peuples! Emparez-vous de cette terre. Prenez-la.
À qui? À personne. Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-la […] Allez, faites des routes, faites des ports, faites des villes; croissez, cultivez, colonisez, multipliez !»
 Et en 1885, comme en écho à Victor Hugo, Jules Ferry à l’assemblée nationale :
« Ce qui, manque à notre grande industrie […] ce sont les débouchés […] Messieurs, je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures...
La politique coloniale est fille de la politique industrielle…Les colonies sont les soupapes de sécurité de notre économie.»
C’est avec la caution morale de ces «deux grands hommes», aujourd’hui, encore honorés par la république, que sera écrite l’histoire, sous forme de roman national, un enseignement de l’histoire, où les crimes coloniaux, les pires abominations, deviendront de hauts faits d’armes, le summum de l’héroïsme.
Ainsi, en France, sous la Troisième République, l’Ecole sera celle de l’éducation au racisme, mais pas n‘importe lequel, le racisme bon teint, le racisme républicain ! Dans cette bonne conscience retrouvée, les milieux d’affaires pousseront à l’invasion de continents riches en main-d’œuvre quasiment gratuite, ce sera la colonisation massive de l’Afrique et de l’Asie.
En 1881, l’esclavage est restauré à la demande de Ferry, ce sera le Code de l’Indigénat. Jusqu’en 1946, les Arabes et les Noirs, sur réquisition, travailleront sous le fouet…rien de plus banal pour le Jules Ferry du Discours à la jeunesse, déclarant :
«Si nous avons le droit d’aller chez ces barbares, c’est parce que nous avons le devoir de les civiliser […] Il faut non pas les traiter en égaux, mais se placer au point de vue d’une race supérieure qui conquiert.  »
Un racisme pur et dur relayé par Paul Bert, son ministre de l’Instruction publique en 1882:
« Il faut placer l'indigène en position de s'assimiler ou de disparaître. »
Le travail forcé, cet esclavage déguisé, sera aboli par les députés le 11 avril 1946 en présence d’Aimé Césaire. Mais comment s’étonner que ce racisme transmis de génération en génération, dans les familles, soit encore majoritaire en France ?
Ce racisme qui sévit dans la société française, entretient des postures discriminatoires qui ont pour effet de concentrer des minorités ethniques dans des quartiers marqués par le chômage et l’exclusion.
Les 75% de descendants de colonisés qui constituent la population carcérale sont en très grande majorité, des chômeurs, ayant vécu pour beaucoup des situations d’échec scolaire. Alors  que les Noirs et les Arabes représentent environ 13 % de la population de la France métropolitaine.
Selon Angela Davis :
«  [dans les] ghettos US et les banlieues françaises…les jeunes exigent du changement social et la fin de la « ghettoïsation » et des discriminations envers les communautés de l’immigration post-coloniale.  »

Construire des prisons, plutôt que des écoles et des hôpitaux

Selon Angela Davis:
« Les banques mondiales, le FMI, refusent que les Etats investissent dans l’éducation ou dans les services sociaux, mais ils encouragent à construire des prisons [...] »
«  Il y a environ 2,5 millions de personnes derrière les barreaux aux Etats-Unis. Cela représente 25%  de la population carcérale mondiale…la population des Etats-Unis ne représente que , 5% de la population mondiale.
Les Etats-Unis sont un «Etat prison». Les prisons sont des complexes industriels. La disproportion des personnes de couleur en prison est à souligner…C’est comme ça qu’on traite le problème de la population de surplus [...] le système d’éducation a été totalement démantelé, la santé est privatisée, confiée aux multinationales [...] Alors que fait-on des laissés pour compte ? On détruit les services sociaux [...] Nous avons des citoyens qui ne peuvent pas trouver de moyen de survie dans ce système ? Nous avons une solution : nous les mettons en prison.
  En Europe, en Amérique latine, en Afrique, les pays ont été encouragés à suivre l’exemple américain, et à construire des prisons pour gérer cette population.  »
Effectivement, toute heure dépensée pour l’école publique, pour l’hôpital… est une heure de perdue pour le profit et inversement!
En   France, payés comme des travailleurs chinois, les détenus fabriquent français.
       
Punition et privation de liberté,
facteurs historiques de la croissance des privilèges

Selon Angela Davis  :
«Les prisons sont devenues une donnée essentielle de l’économie américaine […] c¹est donc bien une politique volontariste d’enfermement qui sévit.
 Cela rentre dans un fonctionnement économique et politique complexe, mais qui se construit depuis longtemps et qui est issu du système esclavagiste où l’on privait les gens de leur liberté pour exploiter leur force de travail. La punition et la privation de liberté sont des armes historiques aux Etats-Unis, tant sur le plan économique qu’idéologique. Cela permet de développer la peur, la normalisation des esprits et le racisme. Aux USA, on peut parler de « complexe industrialo-carcéral.»   »
En France, comme ailleurs, la progression de la gestion privée des prisons, leur construction par des entreprises, génèrent de très grandes fortunes personnelles.

1% de la population mondiale possède plus que les autres 99%...

Que ce soit par contrainte physique ou par des lois sur la propriété intellectuelle (brevets), le droit d’utiliser inventions et découvertes, est soumis à un tribut prélevé sur les producteurs de base. Ce qui correspond à une confiscation pure et simple, à une privatisation du patrimoine de l’humanité, d’un patrimoine qui, il y a 30 000 ans a permis l’émergence de l’humain.
Depuis des siècles, la privatisation,  par une poignée de grands actionnaires, des procédés technologiques et scientifiques, au moyen de brevets qui en interdisent l’usage démocratique, s’accompagne d’un formidable détournement du capital-temps planétaire aux dépens de l’humain, il en résulte que :
les grands moyens de production, de par la confiscation des inventions et découvertes, sont entre les mains de moins de 1% de la population mondiale.
Déshérités, les autres  99 % en sont  réduits à s’accrocher bec et ongle au moindre petit avantage qui donne l’impression de vivre mieux que ceux qui en sont privés. Cette confiscation a pour conséquence, la compétition de tous contre tous, pour un revenu, pour un emploi sur concours, pour une augmentation de quelques euros, ou  pour une place sur un radeau de migrants…
Les temps de production pour les besoins vitaux du plus grand nombre, en sont réduits au strict minimum, juste ce qu’il faut pour sacrifier un maximum de temps à la production des richesses pour les privilégiés.
 Du chômeur au milliardaire, nous sommes tous égaux face  la dépense de temps, nous disposons chacun de 24 heures, pas une seconde de plus ou de moins ! Les inégalités ne proviennent que de l’usage qu’il est fait du  temps.
A la racine du développement séparé on trouve cette rivalité qui oppose entre eux une poignée d’hommes et de femmes dans une course forcenée à l’accumulation ostentatoire et provocante.
La mère des guerres, celle dont découlent les autres, celle à laquelle se livrent les ultra-riches pour posséder la plus grande fortune, fait, que les peuples mis en état de nécessité, économiquement et politiquement, sont contraints et forcés, de s’employer, de «se plier» aux désirs des grands décideurs…ou de chômer, si jugés non rentables.
Ainsi, les grands actionnaires lancent leurs armées de salariés se battre les unes contre les autres, à la conquête de marchés concurrents. Le but, vendre moins cher pour capturer les clients des concurrents. Chaque marché gagné se solde par la faillite d’entreprises vaincues dont les premières victimes, les salariés, rejoignent en rangs serrés la masse des chômeurs.
Les achats de produits de base diminuant, de par la baisse généralisée du pouvoir d’achat, les capitaux ont tendance à s’investir vers des secteurs en pleine expansion, les complexes militaro-industriels et carcéro-industriels qui prospèrent sur le terreau de l’exclusion et de la misère. Ces deux industries, se nourrissant à la fois, du mécontentement populaire et du développement accéléré de la délinquance, terreaux du seul terrorisme médiatiquement condamné.
La relation de cause à effet est parfaitement claire, entre un marché du luxe qui explose et l’extension du domaine de la misère, tout simplement, une histoire de vases communicants…Jamais le secteur de l’hyper-luxe ne s’est jamais si bien porté, yachts et jets privés, robes de haute couture, écoles privées en Suisse, écuries de bolides, de chevaux de course, suites dans les palaces…rien n’est de trop pour ces gens, ce qui fait que :
 les richesses marchandes cumulées des 1% dépassent celles des 99% restants...
Si on additionne les esclaves légaux (travailleurs forcés des prisons) avec ceux, illégaux,  des ateliers semi clandestins qui pullulent sur la planète, et pourtant, facilement localisables…on recense  environ, 500 millions d’êtres humains réduits à cet esclavage moderne qu’est le travail forcé (pour la moitié, des enfants de quatre à seize ans).
Sans eux, l’économie mondiale dont le seul mot d’ordre est le profit avant la vie, s’écroulerait. Pendant ce temps, multinationales et institutions, n’oublient pas de rappeler, la main sur le cœur, leur attachement forcené aux droits de l’homme.        
De la peur de l’autre à la peur pour l’autre

En 1953, Aimé Césaire:       
« La société capitaliste, à son stade actuel, est incapable de fonder un droit des gens, comme elle s'avère impuissante à fonder une morale individuelle ».
Comme pour Angela Davis, aujourd’hui      :
« Les différents combats que nous menons, qu’il s’agisse de sauver l’environnement, de lutter contre les injustices sociales et économiques, contre le racisme et la violence, pour les droits des homosexuels, pour la paix, doivent être globalisés à l’échelle de la planète. Il s’agit toujours de lutter contre le capitalisme. »
Et continuant:
«   Je suis convaincue qu'une société sans prison est réaliste et envisageable dans le futur, mais dans une société nouvelle basée sur les besoins de la population et non sur le profit. »
Pour se faire, au-delà de l’instrumentalisation de la xénophobie et du racisme, il nous faut passer de la compétition à la coopération, dans la mutualisation des savoirs et savoir-faire, avec le retour des richesses immatérielles dans le patrimoine de l’humanité.
De nouveau, nous reprendrons le chemin par lequel l’humain s’est construit, celui de la coopération, celui du retour de l’héritage immatériel dans le bien commun.
Le nombre de chercheurs en sera démultiplié, la recherche sortira du vase clos et confiné des seuls  intérêts  des privilégiés, pour s’élancer sans modération vers l’enrichissement illimité du champ relationnel, dans le respect de l’environnement et de l’humain.
Le revenu sera aligné sur un progrès technologique et scientifique, démocratiquement contrôlé, un revenu aligné sur les besoins, et non sur un temps de travail qui ne cesse de disparaître avec la grande relève des hommes par les machines.
Libéré des complexes carcéro-industriels et militaro-industriels, libéré de la dictature du profit et de cette esthétique de la domination qu’est le luxe, l’esprit d’innovation et de création deviendra pour tous, réalité.
Déconstruit dans la compétition, l’humain se reconstruira dans la coopération, en passant de la peur de l’autre à la peur pour l’autre.

Bibliographie

Aimé Césaire
  -Discours sur le colonialisme
Angela Davis 
  -Les goulags de la démocratie
-La prison est-elle obsolète  ?
Jacques Duboin
-La Grande Relève des hommes par la machine
Chris Harman
-Une histoire populaire de l’humanité
Olivier Le Cour Grandmaison,
-Coloniser, exterminer : sur la guerre et l’État colonial
-La République impériale: politique et racisme d'Etat
  -De l'indigénat. Anatomie d'un "monstre" juridique: le droit colonial en Algérie et dans l'empire français
Yann Moulier-Boutang
-De l’esclavage au salariat, économie historique du salariat bridé
Caroline Oudin-Bastide
-Travail, capitalisme et société esclavagiste, Guadeloupe, Martinique (XVIIe – XIXe siècle)
Rosa Amelia Plumelle-Uribe
-La férocité blanche, des non-Blancs aux non-Aryens, génocides occultés de 1492 à nos jours
Louis Sala-Molins
-Le Code noir ou le calvaire de Canaan
  -Les misères des Lumières, sous la raison,l'outrage
Thorstein Veblen
  -Théorie de la classe de loisir  
 
Programme
 
Cette année, Angela Davis, universitaire, sera au centre de notre projet  :
sa vie, son parcours, ses idées y seront développés. Sera fait aussi référence à Aimé Césaire dont l’oeuvre traverse  nos thématiques, depuis l'année 2013.

1-Des animations
 Elles seront proposées dans diverses structures, scolaires, de loisirs, socio-culturelles, dans le cadre du service civique à Uniscité, mais également dans des entreprises ou encore au restaurant social de la ville de la Ville de Nantes.
Ces animations débuteront par un diaporama à dimension historique qui sera suivi d'un débat avec le public concerné.
 Ensuite,   une   séquence de théâtre forum qui fera réfléchir sur deux questions:
-Construit dans la coopération, l’humain se détruit dans la compétition, pourquoi ?
-Comment passer de la peur de l’autre à la peur pour l’autre ?

2- Livre en bois
un quatrième livre en bois sera créé et fabriqué dans le cadre d'ateliers s'étalant sur plusieurs jours et organisés dans une des structures ciblées ci-dessus.
Il viendra compléter la série de livres en bois, débutée :
 -Voyage au bout de la servitude, le triangle d'Evan (2013)
-Yoni et Taïna au pays des fleurs (2014)
-Perruques enfarinées, peuples affamés, Jacques et la fraternité retrouvée (2015) 

3-Village associatif du 10 Mai
-exposition de panneaux, à vocation itinérante
-présentation du nouveau livre-objet par le public l’ayant réalisé
-conférence-débat sur le thème:
Esclavage, racisme et criminalisation : 75% des détenus, Noirs et Arabes sont descendants de colonisés 

4-Des lectures- débats, autour d’ouvrages
 Angela Davis :
- La prison est-elle obsolète?
-Les goulags de la démocratie
Aimé Césaire :
 Discours sur le colonialisme
Chris Harman : Une histoire populaire de l'humanité
Olivier Le Cour Grandmaison :
De l'indigénat et La république impériale  : politique et racisme d'Etat
Thorstein Veblen : Théorie de la classe de loisir
Jacques Duboin : La grande relève des hommes par les machines

5-Documentaire d'Isabelle Boni Claverie :
Débats et et témoignages

6-Des rencontres avec d'anciens détenus

7- Conférence à l'Université:
Esclavage, racisme et criminalisation


Ce projet s’inscrit dans la continuité de ceux
mis en oeuvre depuis la commémoration du 10 Mai 2008
 
-Vivre Ensemble, Quelle morale laïque? De l'obscurantisme de Voltaire aux Lumières de Césaire (2015) 
-Haïti, une île, un délit (2014) 
-Aimé Césaire, le centenaire, du commerce négrier pour le luxe des banquiers, vers un monde solidaire avec Aimé Césaire (2013) 
-Rentabilité, racisme et discrimination (2012)
De L'esclavage à l'éducation au racisme, le racisme ce n’est pas naturel, ça s’apprend  ! (2011) 
-La résistance noire à l’esclavage, ces noirs qui ont fait l’histoire (2010)
  -De l’esclavage au salariat, du marché aux esclaves au marché du travail (2009)
-Pour l’écriture d’une authentique déclaration des droits de l’homme (2008) 

Au-delà de la Servitude
Annie Mothes,
au.dela.servitude@gmail.com
02 40 89 32 03
La Fabrique des Gestes
CoopérativeAssociative Arc-En-Ciel Théâtre
http://arcenciel.theatre-forum.org/
Libérons La Monnaie
http://liberonslamonnaie.blogspot.fr/
 
 


samedi 31 octobre 2015

Ces lobbys qui pourrissent la santé




 Union européenne
"Intoxication" : comment les lobbys ont eu le dernier mot 
(au détriment de notre santé)



Une enquête de la journaliste Stéphane Horel dénonce l’action des lobbys  pour empêcher toute réglementation de substances pourtant dangereuses : les perturbateurs endocriniens.

 Extraits

"Leur effet, celui de détraquer notre système hormonal ("endocrinien" est un synonyme d’"hormonal"), pose une vraie question de santé publique. Car les perturbateurs sont accusés de contribuer, entre autres, à l’augmentation de certains cancers, aux troubles de la reproduction, à la perte de points de quotient intellectuel, à des problèmes de comportement chez les enfants (trouble de l’attention, hyperactivité et même autisme), à l’explosion  de l’obésité, du diabète de type 2..."


Mondanités et présentations Powerpoint ont remplacé la discussion de fond. Leur objectif : façonner l’opinion – des décideurs, car il n’y a, ici, pas de "public" – en pratiquant le blanchiment d’idées. Ici, "quelque chose qui est répété dix fois devient la vérité, quand bien même les faits démontrent le contraire""

un article du Nouvel Obs


"Intoxication", Stéphane Horel, La Découverte, 304 p., 18 euros. (Capture d'écran)"Intoxication", Stéphane Horel, La Découverte, 304 p., 18 euros. (Capture d'écran)




    C’est un mal qui court dans nos veines et pourtant l’Union européenne n’est pas pressée d’en limiter les dégâts. Ce mal a un nom compliqué : les perturbateurs endocriniens.
     Ce petit millier de substances chimiques (diéthylthiophosphates, pentachlorophénols, hexachlorocyclohexanes…) est partout dans nos vies : les plastiques, les résidus de pesticides sur les fruits et légumes, les cosmétiques… Et nous est toujours pratiquement inconnu, malgré les campagnes d’alerte de quelques ONG et les travaux scientifiques qui en explorent les méfaits depuis 20 ans. Le Distilbène de sinistre mémoire ? Perturbateur. Le bisphénol A ? Perturbateur.
   Leur effet, celui de détraquer notre système hormonal ("endocrinien" est un synonyme d’"hormonal"), pose une vraie question de santé publique. Car les perturbateurs sont accusés de contribuer, entre autres, à l’augmentation de certains cancers, aux troubles de la reproduction, à la perte de points de quotient intellectuel, à des problèmes de comportement chez les enfants (trouble de l’attention, hyperactivité et même autisme), à l’explosion  de l’obésité, du diabète de type 2...
   Face à ce fléau qui alerte jusqu’aux experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), que fait la Commission de Bruxelles ? Eh bien, jusqu'ici, elle prend son temps et cède aux lobbying féroce des industries et des fabricants de pesticides agricoles.  
     C’est en tout cas ce que dénonce une enquête minutieuse de la journaliste indépendante Stéphane Horel, déjà auteure d’un excellent documentaire "Endoc(t)rinement", sur le sujet. Son livre, "Intoxication", qui paraît ce jeudi 8 octobre (La Découverte, 304 p., 18 euros) démonte la mécanique infernale des lobbys qui savent menacer, financer et faire rimer "Bruxelles" et "industriels". Voici quelques extraits de son ouvrage.

Quand l’industrie fait la loi (p. 31)
     Pourquoi diable faire intervenir des personnes de l’extérieur, a fortiori du monde des affaires, pour contribuer à l’élaboration des lois ? Organiser des auditions pour les entendre est une chose. Leur demander de participer activement en est une autre. Et puis à quoi bon embaucher un personnel surdiplômé si ses compétences ne sont pas exploitées? "La Commission et les institutions de l’Union européenne en général souffrent d’un problème peu connu, mais très important : un vrai déficit d’expertise interne et de moyens", constate Martin Pigeon [chercheur et militant au Corporate Europe Observatory]. Parce que l’expertise manque à l’intérieur, elle est donc recherchée hors les murs. Une externalisation de la compétence que la Commission considère légitime, et même revendique. Avec un sens un peu saugrenu de la convivialité, elle appelle cela le "dialogue avec les parties prenantes" (stakeholders).
     Ainsi, la plupart des chantiers législatifs européens impliquent dès le départ des acteurs privés – que ce soient les lobbies industriels ou des organisations qui représentent la société civile. Mais pour quel résultat, si la majorité des experts représentent des intérêts commerciaux ? "La personne à qui vous allez poser la question détermine en grande partie la réponse", décrypte Martin Pigeon. "Si vous demandez à l’industrie chimique ce qu’elle pense d’une réglementation, vous n’allez pas obtenir la même réponse que si vous demandez à un médecin, un universitaire ou un économiste qui n’aurait pas de liens d’intérêt avec l’industrie – ce qui est assez rare, malheureusement."
Or ce "dialogue avec les parties prenantes" qui remplace le débat démocratique à Bruxelles correspond en tous points à une stratégie d’influence. Écrire la loi (ou la détricoter), n’est-ce pas la raison d’être du lobbying ? (…)
     Sous ses airs de théorie du complot, cette stratégie revendiquée de "capture du régulateur" est une réalité quotidienne. Elle repose avant tout sur une infiltration réfléchie des lieux d’expertise et de pouvoir. Rien de plus facile quand les sujets sont techniques ou scientifiques. Dépourvus d’expertise interne, les pouvoirs publics dépendent du savoir spécifique détenu par un petit cercle de "sachants". Parmi eux figurent bien sûr les industriels, alors invités à fournir des informations qu’ils sélectionnent d’autant plus soigneusement qu’elles servent à concevoir des réglementations auxquelles ils devront ensuite se plier. Autant dire : un carton d’invitation pour des effets pervers.

Décrédibiliser les scientifiques : un métier (p. 67)
      Parce qu’elle n’a pas réussi à se débarrasser du scientifique, l’industrie déplace son attaque sur la science elle-même. Sur le rapport Kortenkamp [rapport du toxicologue Andreas Kortenkamp, publié en 2012 et qui fait le bilan des pathologies imputables aux perturbateurs] tout particulièrement. Peu de temps avant la conférence de la DG Environnement [l’une des directions générales de la Commission de Bruxelles], le 26 mai 2012, une revue scientifique a publié une "critique" du rapport.
      Les auteurs se plaignent de son approche "anecdotique" qui ne permet pas d’offrir une "analyse équilibrée" de la littérature scientifique sur les perturbateurs endocriniens. "Nous en appelons à des études supplémentaires, fondées sur les données, pour développer les bases scientifiques nécessaires aux futures décisions politiques", concluent-ils. Certes, la critique et le débat sont consubstantiels à la science. (…) Mais certains débats n’en ont que l’apparence (…)
     La "critique", en effet, ne remet pas en question les données scientifiques sur les perturbateurs endocriniens à proprement parler. Si les reproches sont nombreux, ils sont principalement d’ordre méthodologique. Les auteurs chicanent sur des omissions de référence, des choix de vocabulaire, ergotent sur des détails. (…)
    Comme c’est désormais la règle dans toute revue scientifique, [les auteurs de cette "critique"] déclarent leurs conflits d’intérêts dans une section à part. Warren Foster, de l’université McMaster (Canada), offre régulièrement ses services de consultant à American Chemistry Council, la puissante organisation de lobbying de l’industrie chimique américaine. Glen Van Der Kraak, de l’université de Guelph (Canada), est consultant pour les industriels de la chimie et des pesticides Syngentaet BASF. Christopher Borgert possède sa propre société de consultants (…) qui travaille principalement pour l’industrie (…)
     Le destin de ce genre de matière scientifique, c’est de servir de pièce jointe dans un email envoyé à un décideur public. Le trouble que jettent simultanément la "critique" (…) sur le rapport Kortenkamp est avant tout utilitaire. Il s’agit pour ces consultants de saper les bases scientifiques de la réglementation, de susciter le doute sur la qualité du travail effectué, sa pertinence. De laisser les traces d’une insatisfaction dans la littérature scientifique et dans l’esprit des régulateurs. Ces consultants scientifiques facturés à l’heure n’improvisent pas, ils suivent un script. Cet usage de la science comme d’un instrument d’influence est une stratégie parfaitement rodée. 



Les lobbys contre-attaquent (p. 179) 

      Depuis le début de l’année 2013, une multitude de manifestations mettent en scène les questions des perturbateurs endocriniens, du risque et, plus largement, du principe de précaution. "On peut vraiment citer 2013 comme l’année de la bataille contre le principe de précaution", constate Axel Singhofen, le conseiller des Verts au Parlement. (…). Codirecteur du rapport et ancien conseiller de l’agence, David Gee parle lui aussi et sans hésitation d’"attaque très concertée".

       Workshops, lunch-debates, lunchtime discussions, ou plus sobrement "conférences" : difficile de dire combien d’events de ce genre ont lieu chaque semaine à Bruxelles. Et on ne parle même pas de ceux qui ont lieu au Parlement européen. "Je pourrais passer mes journées à aller de l’un à l’autre", soupire un fonctionnaire de la Commission, constamment assailli d’invitations. Les associations professionnelles et surtout les think tanks (laboratoires d’idées) financés par les grandes firmes organisent la plupart d’entre eux, souvent par l’intermédiaire de cabinets de lobbying et de relations publiques. Leur fonction dans l’écosystème bruxellois : organiser la proximité, créer des opportunités d’influence au quotidien (…)
       Impossible de s’y tromper : ces "événements" sont tous calqués sur l’agenda législatif, réglementaire, parlementaire. En guise de débat démocratique, l’Union européenne se satisfait de ces pince-fesses sponsorisés. Mondanités et présentations Powerpoint ont remplacé la discussion de fond. Leur objectif : façonner l’opinion – des décideurs, car il n’y a, ici, pas de "public" – en pratiquant le blanchiment d’idées. Ici, "quelque chose qui est répété dix fois devient la vérité, quand bien même les faits démontrent le contraire", raconte le fonctionnaire, qui préfère rester anonyme. Surtout quand ils sont enveloppés dans un vocabulaire emprunté (sans son consentement) au monde universitaire. D’où les guillemets autour du mot "conférence".
       Tous ces raouts sont également de hauts lieux du networking (réseautage), du pied dans la porte : ce sont les préliminaires du lobbying. Il est plus cruel de refuser un rendez-vous à l’homme dont on a serré la main plutôt qu’à une signature automatique en bas d’un message électronique. La monnaie d’échange : cette carte de visite où le chef d’unité de la Commission ou l’eurodéputé de passage, cajolé comme une pop star éreintée par sa tournée, ajoute à la main son numéro de "GSM" – le téléphone portable dans le dialecte régional.

Arnaud Gonzague



jeudi 3 septembre 2015

Un ancien résistant au ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique

Un ancien résistant
 au ministre de l'économie
de l'industrie et du numérique

Ernest Barreau, deuxième à partir de la gauche


         Résistant les armes à la main, non seulement à l'occupation de la France par l'Allemagne, mais aussi au nazisme, Ernest Barreau, depuis cette époque lutte pour le dépassement du capitalisme dont le stade suprême est le totalitarisme. 

        Conscient que les dirigeants des grands pays capitalistes mènent le monde à la catastrophe finale, conscient que dans la guerre des grands patrons entre eux pour accéder à la plus grande fortune mondiale, le progrès technologue ne sert prioritairement que l'intérêt supérieur, celui de l'enrichissement d'une minorité par l'appauvrissement du plus grand nombre.

Militant pour une économie distributive, au sein du collectif  "Libérons La Monnaie", Ernest Barreau, dans une lettre ouverte, s'adresse  à Emmanuel Macron ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique.





"Suite à votre visite effectuée à l'usine Daher, le 19-5-2015, vous constatez et louez la robotisation de la dite usine, puis vous déclarez, les robots ne tuent pas les emplois  !

Que penser de cette déclaration lorsque la courbe du chômage ne cesse de grimper ? Que penser de ce paradoxe se résumant dans la formule suivante :

 à l'ère de la révolution techno-numérique, le chômage croît en même temps que les productivités, tandis que la production augmente, n'est ce pas suffisamment clair ?

Partant de ce postulat, il est aisé de démontrer que si les robots ne tuent pas les emplois quand ils sont rentables), ils suppriment ceux qui ne le sont pas.

Emplois disparaissant à l'échelle de productivités de plus en plus performantes : les robots créent moins d'emplois en amont qu'ils n'en suppriment en aval !

Telle est l'explication rationnelle de la genèse et de l'exponentialité du chômage résumées dans la formule sus-décrite, la rentabilité financière mise en cause !

 Au cas où ces explications seraient erronées (cqfd) ne pas hésiter à le faire savoir, par suite je rectifierai en connaissance de cause . Le chômage de masse n'est pas une fatalité, mais la conséquence d'un refus de changement de système économique.

La révolution techno-numérique catapulte le monde vers l'ère de l'usine sans ouvriers, des  bureau sans humains, des ports sans dockers, etc...

Autrement dit , cette fantastique et fulgurante révolution renvoie aux calendes grecques, tabous, préjugés, croyances fausses,  d'où la nécessité de sortir des sentiers battus, car il y a un hic :

 ces esclaves mécaniques ne consomment pas la production pour laquelle ils ont été programmés. Qui consommera une production à vocation socialement utile si l'on ne distribue pas un revenu social d'existence (revenu dissocié de l'emploi ) à la masse de consommateurs (trices) désolvabilisés, dont le pouvoir d'achat se perd sur l'autel du profit financier, l'empêcheur de tourner en rond ?

A l'ère des robots, enfants de la cybernétique, nous sommes tous   usufruitiers  des fruits de la science, des ses découvertes et de ses inventions . C'est pourquoi, lorsque les machines (d'autant plus automatisées) remplacent des quantités de travailleurs (euses) manuels ainsi que les  cols blancs, la dissociation du couple emploi-salaire ressort d'une évidence mathématique et sociale !
De ce constat découle l'exigence d'un, revenu social d'existence remplaçant le salaire et dissocié de l'emploi, libéré d'un carcan financier aberrant et inhumain.
 Un revenu  :

-basé sur une production de biens indispensables et socialement utiles,

-distribué à chaque individu de la naissance à la mort, sous forme de monnaie de consommation (monnaie consomptible dès le service effectué), véritable sécurité sociale à 100 % .

Le revenu social d'existence pré-inscrit dans la charte universelle des Nations- Unies, permettrait  de vivre décemment et de faire face aux aléas de la vie en toute circonstance . Refusant  l'arnaque financière internationale, il appartient au peuple de reprendre la maîtrise de la création monétaire (ex-droit régalien) assurant la formation du revenu sus-décrit, de ce fait on assisterait à la transformation d'une monnaie dévoyée, en simple élément comptable, au service de la  trilogie, production, distribution, consommation.

A l'ère des robots, l'humain doit vivre d'une production socialement et utilement programmée sur le travail d'esclaves mécaniques et/ou informatisés, et non en devenir l'esclave. 
Nous sommes à l'ère de la grande relève des travailleurs par la  technologie, de par une science consciente et responsable, à la seule condition de nous libérer de la dictature du fric !

Post- capitaliste, l'économie distributive dont Jacques Duboin fut le grand initiateur,  répond à ces critères, permettant la prise en compte des capacités matérielles volumétriquement limitées au potentiel de notre planète, dans  le respect de son écosystème dont toute vie est tributaire.

Suite à ces analyses rationnelles, injecter des sommes virtuelles (création ex-nihilo) empruntées à des marchands de chiffres (banques et organismes privés) dans le but d'accélérer les capacités productives des robots, ne changera rien au processus décrit .

A travers le jeu de massacre de la concurrence, la compétitivité à laquelle se livre la main invisible des marchés (dixit Hollande), l'antagonisme  profit/social ne fera que perdurer, ainsi que la crise endémique du chômage. La monnaie casino et organismes similaires n'ont jamais été des œuvres philanthropiques!

Le rapport du flux monétaire mafieux à celui du flux monétaire  socialement utile », représente deux flux dont les courbes respectives  ne cessent de s'écarter, tout en  plombant l'économie réelle ce qui fait que  le social passe à la trappe en premier lieu ! 
        Conclusion


Par son gigantisme, le capitalisme a posé les jalons d'un socialisme authentique, permettant :

-l' instauration d'un revenu social d'existence pour que cesse la criminelle misère dans l'abondance de biens indispensables à la vie, et que les rejetés de cette société dominée par l'argent-dette, retrouvent leur dignité de citoyens,

-la transformation du chômage par le partage des tâches non réalisées par les robots, libérant ainsi de formidables quantités de temps dans les secteurs où il y en a tant besoin santé, vieillesse, agriculture bio, etc….

Ainsi, ces mesures permettront de travailler moins et de travailler tous, conséquence logique et heureuse du progrès technique remplaçant toujours plus l'être humain avec pour conséquence, d'arrêter le scandale de surcharge de travail pour les uns, au point de se suicider, pendant que  d'autres dépriment de ne pas pouvoir s'investir pour l'intérêt général !

Nous aurons le temps de nous occuper  des enfants, des anciens…et d'accéder à des loisirs culturellement enrichissants.

Ce socialisme authentique étendu à nos pays dits développés, conduirait à l'arrêt du scandaleux gaspillage productiviste (par exemple , l'obsolescence programmée des biens) ravageant la terre et les pays pauvres, et permettrait d'aider leurs habitants à travailler et à vivre chez eux, pour qu'ils n'aient plus à émigrer et à subir la violence extrême actuelle qui  se développe sur le terreau de la misère.

Tout cela permettra, enfin, de transformer un monde antagonique et suicidaire en un monde convivial plus fraternel d'où l'interrogation:qu'attend un gouvernement élu sous l'étiquette socialiste,  pour tout mettre en œuvre afin qu'un socialisme distributif  devienne effectif ?  That is the question !

Toutes les composantes de la révolution techno-numérique sont réunies pour mettre   en adéquation la société avec les choses de notre temps.

Tel est  la démonstration que je tenais à vous présenter, à vous ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique, avec l'espoir que vous y prêtiez attention .

Dans l'attente d'une réponse, veuillez agréer l'expression de mes sentiments humanistes et républicains."



Ernest Barreau