Sans
la deuxième guerre mondiale, la prospérité aurait pu l’emporter sur les
privations et destructions à l’échelle industrielle au nom du profit d’une
minorité…. Le temps libéré par les machines, déversé dans les services publics,
aurait inauguré un revenu d’existence de la naissance à la mort aligné sur une
monnaie comptabilisant des quantités de biens de consommation.
En
2012, comme en 1929, tant que l’héritage
de savoirs et savoir-faire légué par nos ancêtres, ne sera pas reconnu comme le
bien commun de tous, rien ne sera solutionné sur le fond.
Un
article écrit en 2003
“ PLUTOT
HITLER QUE LE FRONT POPULAIRE ”
Bien avant la guerre, le grand patronat français collabora massivement
au réarmement de l’Allemagne nazie.
Longtemps
avant la deuxième guerre mondiale, bien avant l’Occupation, nombreux furent les
grands patrons français de la chimie, de la sidérurgie, de la métallurgie, de
l'automobile, de l'aéronautique, du pétrole, des charbonnages…à collaborer massivement
et consciemment au réarmement de l'Allemagne hitlérienne. Ils préféraient Hitler au Front populaire. D’abord
ouvertement, voire clandestinement par sociétés écrans interposées. Dans les
années trente, Plutôt Hitler que le Front Populaire fut le slogan d’une
droite soutenue financièrement par le grand
patronat.
Le modèle hitlérien semblait le meilleur pour écraser
les salaires, augmenter la durée du temps de travail et accroître les profits. Pour
les patrons français, le premier des dangers, c’était les congés payés et la
semaine de quarante heures.
Malgré la menace nazie, le grand patronat préféra
lutter contre les ouvriers français qualifiés d’ennemi intérieur plutôt
que d’empêcher le réarmement de l’Allemagne nazie.
L’Occupation
39-45 ne fit qu’accentuer une collaboration qui, dans les faits, remontait à
14-18 où l’on vit, en pleine guerre, des patrons français et allemands signer
des accords secrets, les Français fournissaient électricité et produits chimiques à l’Allemagne, et en
échange, les Allemands s’engageaient à
ne pas bombarder les usines sidérurgiques de Briey en Lorraine, dont celles de
François de Wendel.
Dans
les années vingt, et malgré le soutien financier du grand patronat allemand au
parti nazi, le président du Comité des Forges, le même François de
Wendel, fut à l’origine d’un cartel international de l’acier qui attribua 40%
des parts à l’Allemagne. Le rédacteur du bulletin quotidien du Comité des
Forges n’était autre que l’honorable
correspondant en Allemagne du grand patronat français, l’ambassadeur de France
à Berlin, François Poncet.
En 1928, était fondée la Compagnie Générale Charbonnière
franco-allemande entre le français Kulhman
et l’IG Farben. Exemple de la collaboration dans la métallurgie,
le 10 décembre 1937, une compagnie de Montrouge signa avec un métallurgiste
allemand un contrat prévoyant la construction de fours industriels sur dix ans…
En 1932, la société française Ugine s’associait
avec une filiale d’IG Farben spécialisée dans la chimie des cyanures
ainsi qu’avec une autre société allemande détentrice du brevet du Zyklon B,
le gaz des camps de concentration.
En 1937, on célébra le dixième anniversaire de la
signature du cartel franco-allemand de la chimie. Les industriels français
étaient fascinés par le niveau de productivité de l’Allemagne nazie.
En
1933, les banquiers français saluèrent, avec une satisfaction non dissimulée,
l’arrivée de Hitler au pouvoir.
La Banque
de France œuvra alors à la création d’une société franco-allemande pour
assurer, à un niveau rentable, le maintien des envois de matières premières stratégiques
au Reich.
Banque
de France
et Comité des Forges furent les grands artisans de l’esprit de
Munich, de la démission face à Hitler.
Malgré
l’antifascisme affiché de la population française, les grands patrons multiplièrent
néanmoins les contrats avec des groupes industriels et des banques nazis mais,
par l’intermédiaire de sociétés écran suisses ou hollandaises. En 1938, la Compagnie
Française des Pétroles se positionna pour une coopération étroite avec le Reich
hitlérien. En 1939, arguant du déficit commercial des colonies, un haut
fonctionnaire du Quai d’Orsay encouragea la livraison de matières premières aux
nazis.
Dans de nombreuses usines françaises, les patrons favorisèrent
la création de groupes fascistes du PPF (parti populaire français) qui
participèrent au mouchardage et à la répression
des militants syndicaux.
Animés
par le patriotisme de profit, grands patrons français et allemands réalisèrent
l’union sacrée contre le mouvement social issu de 1936. Le chef du PPF,
Jacques Doriot mourut sur le front de l’Est, sous l’uniforme d’officier nazi.
Non
vraiment, nous n’avons pas de patrimoine commun avec ces patrons, partisans d’une
économie militarisée. Que l’école cesse de présenter cette période comme un roman
national où la collaboration économique n’aurait commencé, forcée et contrainte,
qu’en 1940. A l’inverse, la Résistance avec sa volonté d’appliquer à la Libération
un ambitieux programme économique, social et culturel (nationalisation, sécurité
sociale, retraite…) appartient véritablement à ce patrimoine commun porteur
d’un projet commun à élargir, mais non à détruire comme s’y emploient aujourd’hui
les grands patrons du MEDEF.
Pour éviter d’entendre
Plutôt Le Pen que le progrès social, il faut une Histoire qui aide à
construire un projet commun fait de conscience collective pesant sur les
“ collaborations ” présentes et à venir.
Que ceux qui se réclament de l’Education
Populaire, exigent un enseignement de l’Histoire qui tourne le dos aux
images d’Epinal. Que la mémoire de l’Histoire, enfin retrouvée, donne mauvaise
conscience aux grands patrons du MEDEF, adversaires du progrès social au
Nord comme au Sud, et à leur président, le baron Ernest Antoine Selliere, petit
neveu de François de Wendel. Qu’ils cessent de faire des profits avec des pays
comme la Chine et la Birmanie, où les salariés n’ont pas de droits reconnus, où
les opposants sont jetés en prison, enfermés dans des camps, torturés, assassinés et où les syndicats libres
sont interdits comme dans l’Allemagne nazie.
Alain Vidal instituteur
à Nantes, le 05-10-03
Bibliographie :
Industriels
et banquiers sous l’Occupation de Annie
LACROIX-RIZ, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Paris
VII
Lire les propositions de Libérons La Monnaie
loi pour le contrôle des banques
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