"La
propriété fut d'abord, le butin, le trophée,
l'attestation de la
razzia victorieuse..
La prouesse d'un homme
était essentiellement la
prouesse d'un groupe [...]
Va succéder une période ou
l'industrie commence à s'organiser
sur la base de la propriété
privée[...]
Les possessions [...] témoignent
plutôt de la prédominance
du propriétaire sur les autres individus
de sa société […]
Thorstein
Veblen
Avec
cet article, le deuxième de la série Si
le grand patronat m'était conté,
nous allons à la rencontre d'un grand penseur des 19ème et
20ème siècle: Thorstein Veblen, économiste et sociologue américain
(1857-1929).
Ces extraits sont tirés de son ouvrage paru en 1899, Théorie de la classe de loisir, chapitre 2, pages 20-21 (collection Tel chez Gallimard).
Ces extraits sont tirés de son ouvrage paru en 1899, Théorie de la classe de loisir, chapitre 2, pages 20-21 (collection Tel chez Gallimard).
Bonne
lecture
Alain
Vidal
"La
propriété fut d'abord, le butin, le trophée, l'attestation de la
razzia victorieuse...La prouesse d'un homme était essentiellement la
prouesse d'un groupe, et le possesseur du butin se sentait avant tout
le gardien de l'honneur du groupe[…] Sitôt que l'habitude de la
propriété individuelle prend quelque uniformité, c'est à un point
de vue différent qu'on va peu à peu se placer pour procéder à
cette comparaison provocante, qui est l'assise de la propriété
privée […]
A
la phase initiale de la propriété , ou l'acquisition se fait par
simple capture, et détournement, va succéder une période ou
l'industrie commence à s'organiser sur la base de la propriété
privée (des esclaves); la horde se transforme en une société
industrielle plus ou moins autarcique; les possessions ne
s'apprécient plus autant comme preuve d'un saccage réussi ;
elles témoignent plutôt de la prédominance du propriétaire sur
les autres individus de sa société[…]
Dans
la vie quotidienne et dans les habitudes de pensée, l'activité
industrielle évincera peu à peu l'activité prédatrice ; de
même la propriété accumulée remplacera progressivement le trophée
comme indice classique de la prépotence et de la réussite […]
Pour
serrer la question de près, disons que la propriété devient la
preuve la plus facilement reconnaissable d'une estimable réussite ,
distincte en ceci de l'exploit héroïque ou insigne.
C'est
donc sur elle que l'estime va se fonder ordinairement. Posséder
quelque chose voilà qui devient nécessaire pour jouir d'une
réputation; voilà qui devient indispensable pour accumuler, pour
acquérir, pour faire en sorte de maintenir un bon renom.
Une
fois que les biens accumulés sont devenus le signe distinctif de la
valeur, la possession des richesses s'arroge le caractère d'un
fondement indépendant et définitif de l'estime."
à suivre...
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