Révolution
culturelle ou déshumanisation
par Ernest Barreau, ancien résistant
Suite aux douze travaux lancés par le président de la
république, via son gouvernement, étant donné le démantèlement progressif des
acquis sociaux, que penser du résultat de cette politique ?
En tant que citoyen électeur (ancien résistant)
luttant pour un monde meilleur, politiquement cocufié, (comme bon nombre de mes
compatriotes) depuis la libération (8 mai 1945) en toute objectivité et rigueur analytique, voici mon point de
vue, dont en premier lieu cette constatation :
mise à part la période de reconstruction appelée les
trente glorieuses, impôts et taxes de toutes sortes n'ont cessé de pleuvoir, grignotant le pouvoir d'achat des classes
laborieuses ayant participé et participant à la richesse de la nation.
Ni fatalité ni dogmatisme
Le capitalisme ne peut répondre,
économiquement et socialement, à l'ère de l'abondance. La
révolution techno-numérique implique
mathématiquement et scientifiquement son changement inscrit dans les
faits ! Quel obstacle l'en empêche ?
Un rappel historique lourd de
conséquences : génèse des évènements passés inaperçus, ignorés ou oubliés.
En 1914, comprenant que la monnaie-or en sa possession, ne pouvait satisfaire aux exigences
financières du conflit, le gouvernement de l'époque, et le président
Poincaré, demanda à la banque de France de
fabriquer des billets à l'échelle des besoins.
Puis, « au
nom de la patrie », lança une souscription nationale demandant aux
détenteurs (trices) du dit métal (louis d'or), lingots, etc…de les déposer à la
banque de France.
Suite à cet aberrant transfert et
mutation de création monétaire (ex-droit régalien) sorte d'allégeance envers
des organismes privés (banques, assurances…) depuis le conflit 14-18, tous
les gouvernements, jusqu'à nos jours, vont emprunter des sommes qu'eux-mêmes pouvaient créer, par suite sans
intérêts ni déficits.
Chronologie des évènements : grandes dates de la finance
En 1960, Michel Debré, par un décret, met fin à la distinction entre banques de
dépôts et banques à vue.
En 1973, Giscard d'Estaing et Pompidou, par la loi du
3 Janvier modifient l'article 25 des statuts de la banque de France, lui interdisant toute possibilité d'avance au
trésor
En 1976, avec Raymond Barre, sans débat public le
gouvernement décide que l'Etat paiera
des intérêts au de-là du taux d'inflation.
En 1983, avec Mauroy-Mitterand, retour de la progression
rapide de l'endettement.
En 1986, avec Bérégovoy- Fabius, Réforme du système
financier, la France est mise sous la
coupe des marchés financiers mondiaux.
En 1992, avec Beregovoy-Mitterand, le pouvoir invite
les français à ratifier le
référendum imposant le traité de Maestricht, qui en son article 104 précise, il est interdit à la banque centrale
européenne, BCE, et aux banques centrales des états membres, d'accorder des
découverts ou tout autre type de crédit, aux institutions ou organes de la
communauté européenne .
En 1993, avec Balladur-Mitterand, la loi du 4 Août
1995, Indépendance de la banque de France par l'article 3 : interdiction d'accorder des découverts, ou
tout autre type de crédit, au trésor public ! L'Etat se condamne au plus haut niveau du droit
à supporter une charge d'intérêts !
En 2002, avec Chirac- Raffarin, passage à l'euro, flambée des prix, et dégradation de
l'économie.
En 2005, avec Chirac, le projet de constitution
européenne est rejeté par référendum.
En 2008 avec Sarkozy, le traité de Lisbonne reprend l'essentiel du projet de
constitution, dont l'article 104 du traité de Maastricht. Ce traité rejeté par voie de référendum, sera néanmoins
imposé au peuple par les chefs des gouvernements et ratifié par la
représentation nationale élue.
En 2012-2017, Hollande, élu sous l'étiquette
socialiste, déclare (discours du Bourget) que la main invisible des marchés
entrave la mise en application du projet socialiste. L'échec patent de sa
politique sociale apporte une fois de plus, la preuve de l'inconciliabilité du couple capitalisme-avancées
sociales.
Suite à cette brochette de gouvernements
oligarchiquement vassalisés, point n'est besoin d'être grand clerc pour
comprendre que sans changement de cap,
avec reprise d'une maîtrise de création monétaire se heurtant aux mêmes causes,
le gouvernement actuel risque de connaître les mêmes effets.
Sans changement du déroulement d'une pièce de théâtre, le changement d'acteurs (trices) ne modifie
en rien la pièce ! Qui peut
s'étonner du fort taux d'abstention et de votes blancs, lors des présidentielles
de Mai dernier ?
Qui peut s'étonner du nombre de manifestations, tout
azimut, ayant un point commun, celui de
réclamer une politique de justice sociale assurant le droit à la vie dans la
dignité pour tous ?
Echec du social
La monnaie est un
produit-marchandise, créé ex-nihilo par des organismes privés. Des « prêteurs »
de chiffres et de lettres, reposant à 90 % sur des marchandises non encore
produites, qui endettent des gouvernements devenus débiteurs avec
obligation de remboursement (capital +intérêts composés) par contribuables pressurés.
Et vogue la galère chargée d'une dette anti-sociale et irremboursable, Alleluia. Un comble, une population qui s'endette pour acquérir
les biens qu'elle fabrique !
Les néo-banques
Partant de la monnaie-marchandise faisant florès, avec
l'arrivée de nouveaux services dont le compte bancaire « low-cost »
des acteurs économiques se mêlent au paysage bancaire, d'autant plus que leur développement est favorisé par la loi sur la
croissance, l'activité et l'égalité des chances (celles du renard dans
le poulailler), loi Macron opérationnelle depuis Février 2017.
Friand de dindons, Ysengrin va s'en donner à cœur joie
et voilà le capitalisme dans tous ses
états...bonjour les dégâts, car la déification de l'argent (Mammon) conduit à
toutes les impasses.
Impasses
Impasses économiques, sociales, écologiques...c'est
pourquoi, nonobstant, bonnes intentions et désirs de réussir, les acrobaties
d'équilibres budgétaires et autres, l'allègement
des charges sociales et fiscales, accordé aux entreprises retarderont le
processus de déclin, d'un système économique périmé, condamnable et condamné
par les faits sans pour autant éviter sa chute.
Quelques contre-vérités
La crise engendre le chômage. C'est faux, c’est la baisse du taux de profit dans la concurrence
qui provoque les crises : d'un
côté des entreprises qui ne peuvent vendre car des gens ne peuvent
acheter !!!
Conséquence,
pour rembourser les créanciers, chômage, bas salaires, développement du complexe
militaro-indsutriel…et guerres, pour détruire l’abondance qui générerait la prospérité
pour tous, sans profit !
La croissance ramènera l'emploi : c'est faux car toute croissance enrichit
l'entreprise lui permettant de s'équiper en productivités performantes (la
foire d'empoigne de la compétitivité et de la concurrence l'exige) d'où
robotique, informatique…utilisées pour licencier ou ne pas remplacer les
départs à la retraite, d'où l'axiome suivant, «le chômage croît en même temps
que les productivités tandis que la production augmente ».
Cet axiome
devrait dessiller les yeux des aveugles de la vie économico-sociale en retard
de 3 révolutions, de ce fait pédalant dans la semoule, à la recherche
d'un passé révolu, tant il est vrai que « le poids des traditions des
générations passées, pèse lourdement sur celle des vivants », Joseph
Pastor.
Résumé
Les observations et analyses présentées démontrent, une fois de plus, la nécessité et
l'urgence d'un changement de cap économique en adéquation avec les choses de
notre temps, avant qu'un point de non-retour ne soit atteint, et démontrent que faire de l'argent un dieu « fait de l'homme un loup pour
l'homme » (homo hominis lupeis), et par suite une société antagonique et violente !!!
C'est pourquoi les réformes d'un système économique datant
de l'ère de la rareté, ne peuvent avancer l'heure d'un véritable changement, celui de l'abondance maîtrisée et
équitablement partagée. Avec des variantes poursuivant la même politique,
le domaine social restera sacrifié sur
l'autel du profit financier et les privatisations rampantes,
l'allègement des cotisations sociales et fiscales aux entreprises, iront aux antipodes du but recherché. Ce
qui est loin d'inciter un électorat désabusé de reprendre avec enthousiasme le chemin des urnes ...chat échaudé
craint l'eau froide.
Ne détenant ni le don d'ubiquité, ni celui de la
science infuse, si ces analyses sont
fausses ne pas hésiter à le démontrer.
Le distributisme
Le distributisme est une économie de
besoins répondant en tout point aux composantes de la révolution
techno-numérique ainsi qu'à la trilogie
« production-distribution-consommation », système
connu ...mais omerta sur ce sujet !
Comme affirmait son génial humaniste et concepteur,
j'ai nommé Jacques Duboin, les faits sont plus forts que les hommes :
ils s'imposent en bien ou en mal, le déchaînement meurtrier des
phénomènes météorologiques récents ne cessent de nous le rappeler !
Du capitalisme au distributisme
Le distributisme n'a pas pour vocation de distribuer
des plus grosses miettes tombant du gâteau aux rejetés et exclus, présents et
futurs, d'un festin exorbitant et d'un luxe immodérés accaparés par les
détenteurs du gâteau, ni de soulager la misère matérielle devant des buffets
pleins, mais de supprimer cette misère
matérielle.
Transformation des principes monétaires
Serait-il plus malaisé de faire à l'envers ce qu'avait
entrepris et réussi le gouvernement Poincaré en 1914, c'est à dire reprendre la maîtrise de la création monétaire dans
l’espoir de passer de l’échange au partage ?
Condition sine qua nome pour un gouvernement de se libérer des contraintes et autres
aberrations, consistant à quémander auprès d'organismes financiers privés
(formant une sorte d'oligarchie informelle mais omnipotente) de la monnaie que lui-même pourrait et se
devrait de créer.
La reprise de la création monétaire permettra légalement et légitimement au gouvernement de
créer une monnaie de consommation, alignée, non pas sur un temps de travail qui
ne fait que baisser de par le remplacement de l’humain par les machines et les
robots, mais sur les ressources non renouvelables offertes par la planète. Il
est évident que la monnaie ainsi utilisée n’aura plus du tout la même fonction
que celle que l’on connaît.
Un revenu social garanti
Cette monnaie sera créée ex- nihilo,
issue du néant, par la banque centrale et ne sera donc pas émise au
détriment de quelqu'un puisque l’égalité des revenus sera un droit pour tous, y
compris pour les banquiers qui découvrirons les joies de la prospérité dans un « travailler
moins » qui ouvre la voie à l’enrichissement illimité du champ
relationnel.
Remarque importante, bis repetita
Dissocié de l'emploi, le revenu social décent garanti assuré à tous permet enfin, non
seulement le partage des tâches non
exécutées par les robots de plus en plus nombreux et performants, mais il supprime aussi la guerre économique
de tous contre tous permettant
que le revenu des uns ne soit pas pris sur celui des autres.
Cela permettra que cesse la criminelle misère
dans l'abondance de biens essentiels à la vie qui seront, enfin,
distribués à chacun en fonction des ressources épuisables de la planète et du
niveau technologique atteint.
De 40 ans de travail, nous passerions à moins
de 10, avec un confort de vie associant harmonieusement le beau, l’utile et
l’agréable !
La finance disparue, le capital-temps global d’un pays
ne sera utilisé que pour le bien commun. Plus de chantage à l'emploi pour faire accepter le gaspillage productiviste destructeur de la
planète. Plus de gens démolis
par le surmenage au travail, le stress et les suicides qui touchent aussi les chômeurs interdits de
travailler authentiquement pour l’intérêt général, puisque toute activité,
directement ou indirectement, doit être au service de la marchandisation du
monde, même celles qui semblent les plus humanitaires.
Dans les maisons de retraite on pourra augmenter le personnel puisque, grâce au revenu social accordé à tous, personnel
comme résidents, l’administration ne sera plus contrainte par une gestion
financière enfin disparue. Le personnel aura davantage de temps pour effectuer son travail, notamment dans domaine du
relationnel si important pour le bien-être des résidents.
Ce qui vaut pour le troisième âge vaut aussi pour tous
les autres sphères de la société, santé, éducation, transports, industrie, agriculture...
Nous sortirons enfin
de ce terrible antagonisme généré par l'argent érigé en finalité menant à la
guerre économique de tous contre tous. L'être humain sera la finalité de l'économie
et la monnaie qu'un moyen au service de tous.
Cela permettra aussi, de sortir du
scandaleux gaspillage productiviste, obsolescence programmée, échanges
inutiles de biens que nous produisons tous, et qui se fait au détriment des écosystèmes de notre Terre
dont toute vie et tributaire. Au détriment des pays pauvres dont les
matières premières achetées à bas prix,
sont en grande partie responsables de l'émigration.
Produire pour
des besoins de tous les humains et non produire pour pérenniser un système financier scandaleux, destructeur de notre
Terre et de notre humanité.
L'arrêt du gaspillage productiviste de nos pays
développés, permettra de sauver notre
Terre et de cesser non seulement de
piller les ressources mondiales (si tous les pays gaspillaient comme nos
pays développés il faudrait 3 Terres)
mais enfin d'aider les pays pauvres
à produire les biens et services
essentiels à la vie et ainsi cessera
cette tragique émigration et violence actuelle !
Conclusion : le TGV de l'espoir
Espérant qu'une prise de conscience animée d'un élan
politique et courageux, laisse sur le quai d'une gare désaffecté, le train de l'obscurantisme économique
transportant des solutions datant d'un passé révolu, inadaptables aux problèmes
économico-sociaux contemporains.
A l'ère de la révolution techno-numérique tous les
aiguillages conduisent au TGV de
l'espoir celui de laéconcorde des peuples assurée par une justice sociale
conséquente, vecteur de convivialité et de fraternité !!!
Pour ce faire, le courage, la volonté politique
instruite en la matière et déterminée,
impliquent de passer de la théorie à l'application, au pays des droits de
l'homme et de la déclaration
universelle des droits de l'homme de 1948 en toute légalité et légitimité.
Sans quoi l'humanité restera devant cette expectative,
révolution culturelle ou déshumanisation
autrement dit, splendeur de la
justice sociale ou décadence.
Le citoyen-électeur, militant engagé pour une économie
distributive assurant à chacun, grâce à une monnaie au service de tous, les
biens et services essentiels à la vie.
Quand le
dernier arbre sera abattu
la dernière
rivière asséchée
le dernier
poisson péché
les hommes
s'apercevront
que l'argent n'est pas comestible.
Paroles amérindiennes
Ernest Barreau