MALADIES
ORPHELINES
OU
LA VALEUR TRAVAIL
CONTRE L’INTERET GENERAL
Par Alain Vidal
Ce qui vaut pour les maladies rares l’est tout autant pour la satisfaction
des besoins fondamentaux des populations.
A Nantes dans ma classe
de CM1, une petite fille était atteinte d’une maladie, orpheline, le syndrome
de Crigler-Najjar, maladie génétique du foie, qui se caractérise par
l'accumulation anormale de bilirubine dans l'organisme. D’où un teint jaunâtre
permanent évoquant une jaunisse.
Souvent absente, elle
devait rester allongée dans un lit, nue sous des lampes à lumière bleue
spéciale. Elle ne pouvait jamais rester dormir chez des amis, encore moins
partir en vacances
Pour son enfant atteint
de la même maladie, un ingénieur américain avait conçu un lit pliable et
transportable. Aucune entreprise n’était preneuse pour le commercialiser, la
rentabilité étant nulle avec dans le monde quelques centaines seulement de cas
dont 20 en France…
Pour pallier à ce
manque, j’ai organisé une collecte. Les enfants, les parents de l’école y ont
participé, ainsi que les commerçants du quartier. Grâce à la somme réunie,
cette enfant a retrouvé une certaine autonomie, tout à la joie de pouvoir aller
à des anniversaires et d’effectuer des séjours prolongés au bord de la mer,
grâce à ce lit qui l’accompagnait partout.
Avec une monnaie non
circulante alignée sur ces véritables richesses que sont les matières premières
offertes gratuitement par notre planète, pour la fabrication de notre
environnement physique, les maladies orphelines…de chercheurs et de
traitements, ne le seraient plus.
Plutôt qu’une monnaie
non circulante alignée sur les espaces bio-productifs, sources de toute vie,
l’économie de marché nous impose une monnaie bancaire.
Une monnaie (alignée sur le temps de
travail) représente une mesure des richesses limitant dangereusement la
satisfaction des besoins fondamentaux de l’humanité. Une mesure qui permet
d’échanger une partie des productions destinées à la consommation populaire,
contre des productions réservées aux revenus supérieurs.
Comme il est impossible
d’échanger en unité de masse, des pommes de terre contre des
diamants, le temps, est le seul équivalent universel de l’économie de marché.
Et ce, depuis l’édification du premier Etat, fondé sur l’économie de marché
exigeant l’inégalité des revenus, il y a 5000 ans, en Mésopotamie.
Avec le remplacement des
hommes par les machines, les prix baissent par unité de marchandises, de par la
réduction du travail humain. Le progrès technologique entre
les mains d’une minorité de propriétaires de moyens de production, sert avant
tout à gagner des marchés. Cependant, pour compenser la perte de profit par
unité, on augmente le volume de la production. Si bien que pour une même valeur
marchande, pour un même profit, à quelques années de distance, on gaspille
davantage de matières premières et d’énergies fossiles.
La priorité du marché étant le profit,
si une production n’est pas suffisamment rentable, des besoins fondamentaux ne
seront pas satisfaits alors même que l’écosystème pourrait y répondre.
Le moins cher pour le
consommateur « coûte très cher » à la planète, avec
pour conséquences : déforestation, engrais chimiques, pollution, crise
climatique, montée des eaux, maladies, épidémies et accroissement exponentiel
des maladies émergentes.
La lutte au sommet pour
la plus grande fortune épuise les hommes et les sols.
En France, plus 3
millions de maladies rares, mais très peu de cas par maladies. Par contre, le
marché du cancer est très florissant. Rien que le cancer des poumons, 46363
nouveaux cas diagnostiqués en 2018.
Institut
Curie :
« La lutte
contre le cancer du poumon est un enjeu majeur de santé publique et une
priorité ».
Pauline du Rusquec,
onco-pneumologue :
« Prévention,
dépistage organisé, innovation… nous devons nous mobiliser sur tous les fronts
contre le cancer du poumon, particulièrement meurtrier. Ces dernières
années, grâce aux thérapies ciblées, à l’immunothérapie, mais aussi à l’arrivée
de nouvelles classes thérapeutiques… la recherche a fait des progrès majeurs.
Les résultats prometteurs s’apprêtent à transformer la prise en charge et à
changer véritablement la donne pour les patients atteints de cancer du
poumon. »
Cependant, en 2016, la
campagne de l’ONG Médecins du Monde, contre la cherté des
médicaments sera interdite d’affichage public par l’autorité
professionnelle de régulation de la publicité (ARPP), jugeant cette action
nuisible aux laboratoires pharmaceutiques. On le comprend à la lecture des
affiches prévues pour la campagne :
« Bien placé,
un cancer peut rapporter jusqu'à 120 000 € »
« Le cholestérol,
un placement à forte rentabilité et garanti sans risque »
« Avec l’immobilier
et le pétrole, quel est l’un des marchés les plus rentables ? la
maladie »
« Le cancer du
sein, plus il est avancé, plus il est lucratif »
« Chaque année en
France, le cancer rapporte 2,4 milliards d’euros »
« Seul 1% des
français peut se permettre d’avoir une hépatite C »
« 1 milliard
d’euros de bénéfice, l’hépatite C, on en vit très bien »
On comprend mieux que
ces pathologies fassent l’objet d’une « recherche clinique
dynamique et encourageante » pour les patients, certes, mais
avant tout et surtout pour les super profits qu’engrangent les multinationales
de la santé.
A l’inverse, on ne peut
que constater le peu de recherches concernant les maladies rares marquées du
sceau infâme de la non rentabilité...
N’étant pas un facteur
de croissance du PIB, la lutte contre les maladies rares n’est pas un enjeu
national et encore moins une priorité car elle n’entraîne pas un
accroissement de richesses marchandes, richesses permettant à une infime
minorité de la population française, très exactement, 65 milliardaires de
s’offrir yachts et jets privés, des suites somptuaires à l’année dans les plus
grands palaces, pendant que ceux atteints de maladies rares et leurs aidants,
souffrent au quotidien de l’indifférence des ultra riches. Une indifférence qui
confine au mépris.
L’enrichissement, la
possession de biens matériels onéreux, le recours sur une très grande échelle,
aux services à la personne (chauffeur, secrétaire particulier, cuisinier…),
font partie du code génétique de ceux qui recherchent la respectabilité et les
honneurs.
Dans tous les Etats, le
pourcentage d’ultra-riches décorés pour service rendus au pays, est
considérable, légion d’honneur et autres signes du devoir
accompli ! Et pour cause, cette richesse marchande produite par
les premiers de corvées, alimente généreusement par l’impôt, les revenus des
grands décideurs politiques du sommet de la pyramide étatique : ministres,
présidents, sans oublier les hauts fonctionnaires et leur droit au pantouflage.
Des revenus qui peuvent atteindre, en comptant les privilèges qui s’y
rattachent, des dizaines de milliers d’euros mensuels. Pour eux, pas
d’attente de plusieurs heures aux urgences… Leur situation leur permettant d’être
admis à l’hôpital américain de Neuilly ou encore, à celui du Val de grâce
réservé aux personnalités.
Pour ces gens-là, des
pensions de retraites dorées supérieures à 10 000 euros mensuels…Pour eux,
pas de syndrome musculo-squelettiques et autres syndromes spécifiques,
caractérisant les métiers aux activités répétitives effectuées par ceux qui
touchent des pensions misérables.
S’insurger contre le
prix des médicaments, comme l’a fait Médecins du Monde, c’est très bien, à la
condition d’aller voir ce qui se cache derrière le prix. On y découvrira une
fausse marchandise : la connaissance. L’économie de la connaissance,
ça n’existe pas !
En effet, la cherté d’un
traitement, correspond essentiellement aux coûts liés aux activités
tertiaires : recherche, publicité, communication, lobbying. Autant
d’activités n’exigeant aucune dépense en termes de ressources planétaires.
Aucune dépense, puisque relevant d’activités spécifiques à l’atelier cérébral,
domaine privilégié des productions immatérielles non mesurables, à l’inverse
des biens physiques !
Les services dits
marchands transforment le gratuit en payant. Quand on vend un bien matériel, on
ne l'a plus. Quand « on vend » un bien immatériel,
« le vendeur » le conserve. En réalité, le bien
immatériel a été transmis sans que le transmetteur ne le perde. Bien que
complémentaires et indispensables l’une à l’autre, mais sans aucune
caractéristique commune, les créations cérébrales et les productions manuelles
ne peuvent s’échanger.
L’instauration de la
monnaie non circulante inaugurerait le passage d’une société en mode Microsoft
à une société en mode Linux.
Savoirs et savoir-faire,
informations, inventions, procédés technologiques…sortant de l’atelier
cérébral, circulant librement alimenteraient une intelligence collective, condition
première du rééquilibrage des relations humaines. Les Terriens seraient
reconnus dès leur naissance et jusqu’à leur mort, dans une égale dignité. Ni
supérieurs, ni inférieurs.
L’éboueur ne pouvant se
passer de l’ingénieur et vice versa, nous serions tous coopérateurs. Nous
retrouverions une motivation au travail bien fait, au travail d’intérêt général
au nom du bien commun.
La crise
socio-écologique est due à une monnaie circulante par nature antisociale et
anti écologique, une monnaie légalisant l’appauvrissement pour l’enrichissement
bien au-delà des besoins fondamentaux. Au grand bénéfice d’une élite addicte au
luxe, cette esthétique de la domination, cette esthétique anti
éthique…
Nos technologies font que
machines et robots remplacent des centaines, des milliers de travailleurs, de l’ouvrier
à l’ingénieur. La valeur travail tant vantée comme unique source des richesses
est une imposture. Pour les produits de consommation courante, le travail
humain n’existe qu’à dose infinitésimale.
La monnaie non
circulante s’annulant à l’obtention du produit désiré, respecterait les hommes
et les sols. Le temps économisé par le remplacement des travailleurs par les
machines et robots, ne renverrait personne à la case chômage.
Ce temps si précieux
serait massivement déversé dans les services : santé, instruction, alimentation,
transport…
La recherche ferait un
bon extraordinaire, les chercheurs, ne perdaient plus 80% de leur temps à
monter des dossiers de financement.
Chacun disposerait, de
la naissance à la mort, d’un revenu de 1,6 hectares de surfaces bio productives
destinées à nos besoins physiques. Un revenu prélevé sur un budget-Terre de 12
milliards d’hectares bioproductifs. Surface d’où proviennent tous nos biens
matériels de nos sphères personnelles et professionnelles. Quant aux services,
les activités du tertiaire relevant de l’immatériel sans
destruction-transformation de matières premières, ils seront accessible sans
carte verte.
Dans les magasins, pour
chaque acquisition de biens matériels, le montant serait automatiquement annulé
sur une carte verte alimentée chaque année en monnaie-Terre.
Les 10% les plus
fortunés de la planète sont responsables de 50% des émissions carbone. Par
contre, pour les 50% les plus pauvres, la responsabilité n’est que de
10%. Comme, les scientifiques le constatent, la surconsommation sans
limite de 800 millions n’est possible que dans la sous consommation chronique
de la moitié appauvrie, c’est-à-dire, 4 milliards d’’êtres humains !
Pas question que
certains aient le droit de polluer aux dépens d’autrui, ce qui exige l’égalité
des revenus. Revenu ne dépassant pas 2 tonnes de CO2 par an et par
personne. C’est la seule et unique condition au retour à la
neutralité carbone.
Pour l’humanité, en
termes de décès prématurés, les émissions de gaz à effet de serre représentent
le premier facteur. Chaque année, depuis fort longtemps, le bilan ne cesse
de s’alourdir, l’an dernier, 9 millions de victimes dans le monde,
principalement de maladies cardio-vasculaires…en France, 100 000, en
Europe, environ 1 million.
Morale :
la
pollution augmentant avec le revenu, plus on consomme, plus on pollue, plus on
tue. A savoir que, l’empreinte carbone moyenne d’un Français est de 5
tonnes de CO2 par an (source : Agence internationale de l’Energie 2017).
La monnaie-Terre non
circulante de mains en mains, annoncerait l’avènement de la démocratie, la
vraie, dans le respect des hommes et des écosystèmes, dans le respect des
besoins fondamentaux, avec pour seul fil à plomb, la prise en compte des limites
de la biocapacité des écosystèmes et la prospérité pour chacun.
Dégradés par l’économie
de marché, les espaces aquatiques et terrestres seraient régénérés. La crise
socio-écologique dépassée et la santé planétaire revenant, redonneraient
aux jeunes générations le sens du travail libéré du surtravail, et
l’amour de la vie.
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