samedi 1 juin 2013

1698: la Sorbonne condamne la traite négrière


 1698
Le président du tribunal 
des cas de conscience
 établi en Sorbonne 
prend position contre la traite négrière


1698: Le président du tribunal des cas de conscience établi en Sorbonne
prend position. 
On demande si, en sûreté de conscience, on peut vendre des nègres?

Ceux qui en font scrupule disent:
 1-Qu'il y a de l'inhumanité d'acheter et de vendre des hommes.

2- Que n'étant pas permis d'acheter une chose que l'on sait être dérobée, on ne peut acheter des nègres, parce qu'ils sont pris et enlevés de force, c'est un vol usité parmi eux, ils se dérobent réciproquement. Cela est public et par conséquent il n'est pas licite d'entrer dans ce commerce avec eux. 

Ceux qui sont d'un sentiment contraire disent:
1. Que c'est un grand avantage pour ces malheureux ; parce qu'étant portés dans un pays chrétien, ils y sont instruits et baptisés, à quoi ils n'ont aucune répugnance, mais au contraire on trouve en eux une admirable disposition; et il y en a plusieurs qui demandent instamment le baptême, lors qu'ils sont parmi nous, pour être délivrés du diable, dont ils assurent qu'ils sont maltraités et battus; ils seraient privés de ce bonheur dans leur pays, qui est tout idolâtrie, et où il n'y a pas de missionnaires catholiques.

2. Tous les princes chrétiens permettent à leurs sujets de faire ce commerce.

3. Les Espagnols et les Portugais, qui se piquent d'être les meilleurs catholiques du monde, sont ceux qui en font le plus grand commerce.

4. Notre Roi Très-Chrétien ne fait point difficulté d'acheter des esclaves turcs, quoi qu'ils y en ait très peu qui embrassent le christianisme. 

5. Les nègres sont ordinairement mieux nourris, habillés et soignés dans leurs maladies chez les chrétiens que chez eux.

6 Le roi des pays où ils naissent souffre ce commerce. II permet aux chrétiens de faire battre le tambour pour avertir tous ceux qui ont des esclaves à vendre, qu'un tel jour il se présentera des marchands pour les acheter.

Après la confrontation des deux arguments, le tribunal des cas de conscience trouve injuste de pratiquer la traite négrière car il est rarement possible de démontrer que l’esclave acheté n’a pas été préalablement volé.

 G.Fromageau, président du tribunal des cas de consciences de la Sorbonne, le 15 avril 1698, déclare :
 « il suit de tout ceci qu'on ne peut en sûreté acheter ni vendre des nègres parce qu'il y a de l'injustice dans ce commerce »

LA FRANCE ET LA TRAITE NEGRIERE
Document réalisé par Frédéric Régent, 
Maître de conférences en Histoire Moderne
Université-Paris 1-Panthéon-Sorbonne 
Institut de la Révolution Française, 


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