vendredi 29 décembre 2023




A.Smith,

seul l’ouvrier produit des marchandises

par Alain Vidal

Adam Smith affirme ainsi que « le travail est donc la mesure réelle de la valeur échangeable de toute marchandise ». Le travail évalué en termes de temps nécessaire à la destruction-transformation de matières premières en objet utilisable.






L’analyse de Smith a fourni à l’économie politique moderne un de ses fondements majeurs.

L’Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), est considéré par la science économique comme l’œuvre fondatrice de la discipline.

« Des choses qui ont la plus grande valeur en usage n'ont souvent que peu ou point de valeur en échange ; et au contraire, celles qui ont la plus grande valeur en échange n'ont souvent que peu ou point de valeur en usage. »

Par exemple, l'eau et le diamant.




La monnaie ne sert ici que d’intermédiaire pour mesurer ces valeurs. La monnaie, les métaux précieux n’ont de valeur que dans la mesure où ils servent à mesurer cette valeur travail.


« Ce n'est point avec de l'or ou de l'argent, c'est avec du travail que toutes les richesses du monde ont été achetées originairement ; et leur valeur pour ceux qui les possèdent et qui cherchent à les échanger contre de nouvelles productions, est précisément égale à la quantité de travail qu'elles les mettent en état d'acheter ou de commander. »

Les services ne sont pas créateurs de richesses. En effet, les services ne peuvent servir à l’accumulation de richesses puisqu’ils disparaissent au moment où ils sont produits. 

Sans cette trace qui sert à l’établissement des prix, pas d’échange, pas de marché…Ainsi, pour Smith, le travail domestique, les magistrats ne sont pas considérés comme productifs.« Le travail du domestique, au contraire, ne se fixe ou ne se réalise sur aucun objet, sur aucune chose qu’on puisse vendre ensuite ».

Adam Smith, seul l’ouvrier produit des valeurs marchandes

Dès 1776 Smith fait remarquer :

 « Les propriétaires, comme tous les autres hommes, aiment à recueillir, là où ils n’ont pas semé ». 

Smith fait la différence entre les activités agricoles et industrielles, et les activités relevant du secteur tertiaire : les services.

« L’ouvrier de manufacture ajoute de la valeur à la matière sur laquelle travaille cet ouvrier : la valeur de sa subsistance et du profit de son maître ». 

« Le travail du domestique, […] ne crée aucune marchandise […] n’ajoute aucune valeur à rien  ; c’est un travail improductif, qui ne pourra jamais enrichir celui qui l’emploie ».

« Un particulier s’enrichit à employer une multitude d’ouvriers fabricants ; il s’appauvrit à entretenir une multitude de domestiques ». 

Ce constat vaut pour l’ensemble des activités du tertiaire, en France, aujourd’hui, cela concerne 90% des actifs ! Les objets constituant notre environnement matériel, du coton-tige à l’avion supersonique, portent en eux une trace de travail humain.




 Les objets immatériels, pas du tout. Quant à la dépense de temps, certes, elle existe. 

Mais rappelons-le, du SDF au milliardaire, l’égalité règne en maîtresse : devant le temps, nous sommes tous égaux ; nous dépensons tous, 24 heures par jour, pas une seconde de plus ou de moins. 

L’inégalité s’inscrit dans la manière de dépenser ce temps : les dominants imposant l’emploi du temps aux travailleurs.




Et Adam Smith, de nous donner une liste haute en couleur:

« Le travail de quelques-unes des classes les plus respectables de la société, de même que celui des domestiques, ne produit aucune valeur.  […]

Le souverain, par exemple, ainsi que tous les autres magistrats civils et militaires qui servent sous lui, toute l’armée, toute la flotte, sont autant de travailleurs non productifs. Ils sont […] entretenus avec une partie du produit annuel de l’industrie d’autrui. […].

 La protection, la tranquillité, la défense de la chose publique, qui sont le résultat du travail d’une année, ne peuvent servir à acheter la protection, la tranquillité, la défense qu’il faut pour l’année suivante.

Quelques-unes des professions les plus graves et les plus importantes, quelques-unes des plus frivoles, doivent être rangées dans cette même classe : les ecclésiastiques, les gens de loi, les médecins et les gens de lettres de toute           espèce, ainsi que les comédiens, les farceurs, les musi­ciens, les chanteurs, les danseurs d’Opéra, etc.






 Leur ouvrage à tous, tel que la déclamation de l’acteur, le débit de l’orateur ou les accords du musicien, s’évanouit au moment même qu’il est produit. 


Les travailleurs productifs et les non productifs, et ceux qui ne travaillent pas du tout, sont tous également entretenus par le produit annuel de la terre et du travail du pays.

Ce produit, quelque grand qu’il puisse être, ne saurait être infini, et a nécessai­rement ses bornes. ». 

Il est bon de rappeler qu’en 2020, dans les pays à forts PIB, 90% des actifs sont des travailleurs du tertiaire. 

Les ultra-milliardaires, créateurs des fameux GAFA nés dans la Silicon Valley, n’ont jamais produit une seule valeur ajoutée, une seule valeur marchande. Les revenus d’un balayeur, d’un médecin, d’un enseignant, comme ceux de Bill Gates, proviennent tous, sans exception, du seul travail productif du paysan, de l’ouvrier et de l’artisan.

Leur travail nécessite des connaissances et des savoir-faire, puisés, uniquement, dans l’atelier cérébral :  lieu de la non dépense, où tout se crée ex nihilo, sans aucune transformation de ressources naturelles, sans aucune destruction de matières premières.C’est l’espace de l’immatériel, non mesurable, utilisable à l’infini. La production d’un objet immatériel (un cours d’histoire, un diagnostic, un roman, un film, un mail…) ne transforme pas le stock immatériel utilisé. Ce dernier reste intact, indépensable…utilisable sans modération !


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