L'ubiquité
des biens immatériels
L’ubiquité est la capacité d'être
présent en plusieurs lieux, simultanément. Le terme est dérivé du latin ubique qui signifie partout.
Les biens immatériels qui sont produits dans l’atelier cérébral, obéissent au
concept d’ubiquité, car ils sont présents dans un nombre illimité d’endroits et
utilisables par un nombre illimité de personnes.
En effet, une idée, un poème, une
invention, un film etc…peuvent être partout à la fois, et simultanément, par
transmission, par duplication, sur supports, eux aussi immatériels, via
internet. Une même série peut être visionnée par des milliards de personnes, la
même soirée.
L’échange ne concerne que les
objets physiques. Ces objets ne relèvent pas de l’ubiquité. Quand ils sont à un
endroit, ils ne sont pas ailleurs.
Un bien matériel est tangible, on peut le
toucher…il se mesure, à l’aide d’unités de masse, de longueur, de volume. Sauf
que dans le commerce, il est impossible d’échanger un kg de pommes contre un kg
de jeans ! Tout comme, on n’échange pas 100 gr d’or contre 100 gr de farine.
Intuitivement, on se rend compte que l’échange
serait inégal.
Le temps,
mesure de l’échange marchand
Il faut
considérer le temps nécessaire, passé à la production, ainsi que celui
correspondant aux taxes inclues dans le prix de vente.
Dans les
exemples cités, on voit bien que c’est le temps qui permet de comparer ces
objets : temps nécessaire à la production de l’or, de la farine, de
pommes, de jeans, de voitures, de bonbons, d’avions…Le
temps est l’équivalent universel de toutes les transactions commerciales.
Le temps est
une donnée objective mesurable au milliardième de seconde. Un échange marchand
pouvant s’évaluer en centimes, deux prix égaux seront alignés sur les temps
respectifs de production des marchandises et sur les taxes afférentes.
Le savoir n’a pas de prix
Il échappe subtilement
à toute mesure, à tout échangisme marchand, à toute logique de marché. Le
partage du savoir est à la mode, sauf que cette formule est aussi fausse que de
dire, le soleil se lève !
Un astronome le dira à son enfant,
mais en aucun cas dans le cadre de son travail. Cette différence entre langage
familier et scientifique ne semble pas affecter outre mesure, la communauté des
économistes qui revendique la rigueur dans leurs analyses tout en prétendant à
la marchandisation des services.
Si
les biens physiques sont mesurables, il est impossible de mesurer objectivement
de l’immatériel. Une idée, un poème, un comportement, une ambiance, une œuvre
d’art… relèvent du domaine de la subjectivité. Une invention sera appréciée
différemment selon son utilité variant d’une personne à l’autre.
Par contre,
un temps de production est indiscutable, le chronomètre faisant foi !
Chaque
jour, des milliards d’humains utilisent les 26 lettres de l’alphabet. Un alphabet
n’ayant jamais connu de rupture de stock depuis plus de 2300 ans d’existence.
Il en est de même pour les 10 nombres de 0 à 9.
Quant au
théorème de Pythagore il n’a pas pris une ride malgré son utilisation immodérée
depuis 2500 ans. Par contre, le lait de brebis qu’a bu le mathématicien de
Samos pour fêter son invention, n’a servi qu’une seule et unique fois, et pour
cause !
La
création immatérielle n’a pas sa place en économie. Pour preuve, les
connaissances, (savoirs, savoir-faire…) nécessaires à la construction d’un
cours d’histoire peuvent être utilisées simultanément par un nombre illimité
d’enseignants. Par
nature, les connaissances existantes sont inépuisables, non périssables. En
outre, un même cours, une fois élaboré, peut être transmis à un nombre incalculable
d’auditeurs ou de lecteurs.
Une
plaidoirie d’avocat, un diagnostic médical, un acte notarial, une invention, un
réglage technique, la conception d'un projet par un ingénieur, un mode
d’emploi, un plan, une recette de cuisine, une création monétaire, un crédit
bancaire…plus globalement un savoir-faire, n’exigent aucun prélèvement de
matières premières. Dans cet inventaire à la Prévert, rien n’est pris à la
terre, aucune empreinte écologique, preuve d’une quelconque dépense de biens
rares, n’est à constater.
Dans la
production d’un bien immatériel, on ne constate aucune destruction préalable
des « matériaux » immatériels utilisés.
Ce qui se
produit sans destruction, sans dépense aucune, de matières physiques ne peut
faire l’objet d’un échange. Ce qui fait appel à une activité uniquement
cérébrale, appartient au domaine de l’abondance.
L’utilisation de ces
biens ne devrait entraîner aucune rivalité. Pourquoi se battre quand on jouit
d’une abondance garantie illimitée pour tous ?
Dans
l’industrie, l’agriculture et l’artisanat, la production de biens matériels,
relève du champ de l’économie, les ressources matérielles de la planète étant
par nature finies. L’économie, c’est la gestion des ressources périssables, de
ces ressources qui s’épuisent et qui finissent par disparaître dans l’usage.
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